-
FABLES D’ÉSOPE
Le coq et la perdrix
Un homme élevait des coqs dans sa maison. Un jour, il acheta sur un marché une perdrix domestique, la rapporta chez lui et la plaça avec les coqs. Mais ceux-ci la frappèrent à coups de becs et la chassèrent. «Ils me méprisent parce que je suis d'une autre race », se dit-elle et elle en eut gros cœur. Quelques jours passèrent; la perdrix constata que les coqs se battaient également entre eux et ne se lâchaient qu'une fois couverts de sang. Alors elle se dit : a Je n'ai plus à me plaindre d'avoir été frappée par ces coqs puisqu'ils se frappent aussi entre eux. »
Cette fable montre que les gens sensés supportent facilement les vexations des autres quand ils voient que ces autres s'en prennent aussi bien à leurs proches.
Les pêcheurs
Des pêcheurs tiraient un filet. Comme il était très lourd, ils jubilaient déjà rien qu'en pensant à leur aubaine. Mais quand le filet fut tiré sur la rive, ils y trouvèrent beaucoup de pierres et de déchets et très peu de poisson. Ils en eurent le cœur très gros, moins pour avoir ramassé des pierres que pour avoir été si déçus. Mais l'un d'eux, un vieillard, dit aux autres : « Cessons de nous affliger, mes amis. On dit que la joie a pour sœur le chagrin. Nous avons eu la joie tout au début, il nous fallait bien le chagrin par la suite. »
II en est de même pour nous : voyant combien la vie est changeante, il faut se dire que l'orage succède toujours au beau temps.
Le laboureur et ses enfants
Un laboureur, sentant ses jours finir, et voulant que ses enfants fassent l'apprentissage de la terre, les fit tous venir près de lui t leur dit : « Mes enfants, je vais bientôt quitter la vie, mais si vous cherchez ce que 'ai caché dans ma vigne, vous découvrirez tout. » Les enfants pensant qu'il avait dû y enfouir un trésor, bêchèrent de fond en comble, dès la mort de leur père, tout le sol le la vigne. Aucun trésor ne s'y trouvait, mais la vigne, ainsi bien remuée, donna ses fruits en abondance.
Cette fable montre que le labeur est comme on trésor pour les hommes.
Le cheval et l'âne
Un homme avait un cheval et un âne. Uni jour qu'ils cheminaient, l’âne dit au cheval : « Si tu ne veux pas que je meure, soulage-moi d'une partie de ma charge. » L'autre fit la sourde oreille et l'âne, épuisé de fatigue, tomba et rendit l'âme. Alors le maître chargea le tout sur le cheval, y compris la peau de son malheureux compagnon, et le cheval gémit : « Pauvre de moi, quelle infortune! Il ne manquait plus que cela! Pour avoir refusé de charger un fardeau léger, j'en suis réduit à tout porter, y compris la peau de cet âne. »
Cette fable montre que si les grands acceptaient de s'allier aux petits ils sauveraient ainsi leur vie.
Le berger et le loup
Un berger trouva un jour un louveteau. Il le prit et le nourrit avec ses chiens. Quand le louveteau eut grandi, il se lançait avec les autres chiens à la poursuite de tous les loups qui venaient enlever des moutons. Et quand les chiens, épuisés, renonçaient à courir et s'en revenaient sur leurs pas, lui, en loup qu'il était, continuait jusqu'au bout la poursuite. Après quoi, il rentrait au bercail. Quand aucun loup n'enlevait de mouton, il allait de lui-même en pourchasser un en cachette pour s'en repaître avec les chiens. Jusqu'au jour où le berger, voyant ce qui arrivait, en finit avec lui en le pendant à un arbre.
Cette fable montre qu'un naturel pervers n'engendrera jamais de caractère honnête.
La belette
Une belette s'introduisit un jour dans l'atelier d'un forgeron. Y apercevant une lime, elle se mît à la lécher, si bien qu'à force d'y frotter sa langue, celle-ci perdît beaucoup de sang. Et la belette lécha le sang avec délice, croyant qu'il provenait du fer, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de langue!
Cette fable s'applique à ceux qui, croyant nuire aux autres, se causent du tort à eux-mêmes.
Le loup et la brebis
Un loup, malmené et mordu par des chiens, gisait à terre, épuisé et incapable d'assurer sa nourriture. Il aperçut alors une brebis et lui demanda d'aller au fleuve tout proche pour lui chercher de l'eau. « Si tu me rapportes de l'eau, lui dit-il, je te trouverai de quoi manger. — Mais si je t'apporte de l'eau, c'est moi qui te servirai de repas », répliqua la brebis.
Cette fable s'applique à tout homme perfide nourrissant de mauvais desseins.
La fourmi et le bousier
Pendant l'été, une fourmi, à travers la campagne, ramassait des grains de blé et d'orge et les entassait chez elle pour s'en nourrir pendant l'hiver. Un bousier, la voyant, railla son labeur et sa fièvre, en une saison où tous les autres animaux, soulagés de leurs durs travaux, se prélassent à ne rien faire. La fourmi ne répondit rien sur le moment, mais lorsque l'hiver arriva, le mauvais temps noya les bouses et le bousier tout affamé alla chez la fourmi implorer un peu de nourriture. Et l'autre répondit : « Bousier, si au lieu de te moquer de moi quand je peinais, tu avais travaillé toi aussi, tu aurais maintenant de quoi manger. »
II en est de même pour les hommes qui, ne manquant de rien, négligent l'avenir pour en pâtir ensuite, quand les temps ont changé.
L'oie aux œufs d'or
Un homme avait une oie qui pondait des œufs d'or. Croyant qu'elle avait dans le ventre un lingot, il la tua et, en l'ouvrant, découvrit qu'elle était pareille aux autres oies. Lui qui pensait trouver la richesse, s'était privé du coup du petit gain qu'il en tirait!
Cette fable montre qu'il faut se contente de ce qu'on a au lieu de convoiter les richesses!
Le sanglier, le cheval et le chasseur
Un sanglier et un cheval se nourrissaient dans le même domaine. Mais comme le sanglier détruisait l'herbe et troublait l'eau, le cheval, pour se venger de lui, demanda l’aide d'un chasseur. Le chasseur déclara qu'il ne pouvait l'aider qu'à condition de monter sur son dos et de lui mettre un mors. Le cheval accepta. Alors le chasseur devenu cavalier extermina le sanglier, emmena le cheval chez lui et l'attacha dans l'écurie.
Ainsi, beaucoup de gens, en croyant se venger, vont se livrer eux-mêmes à l'ennemi.
Le sapin et la ronce
Un sapin et une ronce disputaient ensemble et le sapin disait, tout fier : «Je suis beau, majestueux, immense, mon bois sert pour le toit des temples et pour la coque des vaisseaux. Comment peux-tu te comparer à moi ? » Mais la ronce lui répondit : « Si tu songeais un seul instant aux haches et aux scies qui vont bientôt t'abattre, tu préférerais mille fois être ronce. »
II ne faut jamais rechercher la gloire à tout prix, car bien souvent la vie des humbles est la plus sûre.
Zeus et le renard
Zeus, impressionné par l'intelligence et l'esprit du renard, lui décerna le titre de roi des animaux. Mais il voulut savoir si, en changeant de condition, il avait également changé | ses habitudes de rapine. Aussi, un jour que le renard se faisait transporter en litière, lâcha-t-il un bousier sous ses yeux. L'autre, en voyant l'insecte voler autour de lui, ne put y résister et sauta pour l'attraper, sans la moindre vergogne. Et Zeus, indigné par ce geste, le remit dans son état premier.
Cette fable montre que les gens vicieux ne changent jamais de nature, sous quelque dehors qu'ils se montrent.
Le corbeau et le renard
Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, alla se poser sur un arbre. Un renard en l'apercevant, voulut s'approprier la viande. Il se posta au pied de l'arbre et fit au corbeau force éloges, disant qu'il se devait, par sa prestance et sa beauté, d'être appelé le roi des oiseaux et qu'il le serait à coup sûr s'il avait de la voix. L'autre, pour prouver qu'il savait chanter, lâcha la viande et croassa. Et le renard sauta sur la viande en disant : « Tu as peut-être de la voix, mais il te manque encore l'intelligence pour régner sur les animaux. »
Cette fable s'applique à tout homme totalement dénué d'esprit.
-
Commentaires