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La Montagne en poèsie
2 pages de poèmes
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Par renal le 19 Avril 2016 à 09:34
Magma
Il se réveilla,
Toussa,
Éructa.
La quinte le reprit,
L’oppressa,
L’étouffa.
D’un coup, il fit sauter le chapeau
Qu’il n’avait plus ôté
Depuis des décennies.
Il en sortit des pluies
De feu,
De suies,
De cendres.
Longtemps, il hoqueta,
Bava,
Tira la langue
Tel un loup, flancs ouverts,
A bout de vie exsangue.
Pas de foule accourue,
Peu de flashes,
Des rares paysans de la montagne à vaches.
Alors déçu, vexé, il referma la bouche,
Fit taire son étuve
Puis il se rendormit
Avec ses rêves de Vésuve.
Pierre Coran
Photo : https://pixabay.com
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Par renal le 20 Janvier 2015 à 09:27
La petite fleur rose
Du haut de la montagne,
Près de Guadarrama,
On découvre l'Espagne
Comme un panorama.
A l'horizon sans borne
Le grave Escurial
Lève son dôme morne,
Noir de l'ennui royal ;
Et l'on voit dans l'estompe
Du brouillard cotonneux,
Si loin que l'œil s'y trompe,
Madrid, point lumineux !
La montagne est si haute,
Que ses flancs de granit
N'ont que l'aigle pour hôte,
Pour maison que son nid ;
Car l'hiver pâle assiège
Les pics étincelants,
Tout argentés de neige,
Comme des vieillards blancs.
J'aime leur crête pure,
Même aux tièdes saisons
D'une froide guipure
Bordant les horizons ;
Les nuages sublimes,
Ainsi que d'un turban
Chaperonnant leurs cimes
De pluie et d'ouragan ;
Le pin, dont les racines,
Comme de fortes mains,
Déchirent les ravines
Sur le flanc des chemins,
Et l'eau diamantée
Qui, sous l'herbe courant,
D'un caillou tourmenté,
Chuchote un nom bien grand !
Mais, avant toute chose,
J'aime, au cœur du rocher,
La petite fleur rose,
La fleur qu'il faut chercher !
Théophile Gautier.
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Par renal le 6 Décembre 2011 à 09:02
Castille
Tu me soulèves, terre de Castille,
Sur la paume rugueuse de ta main,
Vers le ciel qui t’embrase et rafraîchit,
Le ciel, ton maître.
Terre nerveuse et sèche et bien ouverte,
Mère de cœurs et mère aussi de bras,
Le présent prend en toi les vieilles teintes
D’un jadis noble.
La creuse prairie du ciel délimite
Tout à l’entour tes grands champs dénudés ;
Tu es, pour le soleil, berceau, sépulcre,
Et sanctuaire.
Ta vaste et ronde face est toute cime,
Où je me sens porté plus près du ciel ;
Et c’est l’air des sommets que l’on respire
Là, sur tes landes.
Autel géant, ô terre castillane,
C’est dans cet air que j’exhale mes chants :
S’ils sont dignes de toi, ils descendront
Du haut de toi.
(Miguel d’Unamuno)
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Par renal le 5 Décembre 2011 à 09:39
Sur les collines de l’Ardèche
Sur les collines de l’Ardèche,
L’aube, demi-nu a frémi …
Je me souviens d’une aube fraîche
Sur Paris à peine endormi.
Nous allions, nombreux, dans cette aube ;
Tour à tour, l’un de nous parlait.
Je me souviens de votre robe,
Quand votre hanche me frôlait.
Je me souviens de votre chambre
Aux rideaux baissés que le jour
Traversait de poussières d’ambre ;
J’entends les oiseaux dans la cour.
Ah ! je me souviens des caresses
De vos bras souples et musclés ;
De votre front parmi les tresses
De vos beaux cheveux écroulés.
Je me souviens de l’aube fraîche …
Mais à quoi bon ? Puisque, devant
Les monts paisibles de l’Ardèche,
Je suis seul, au soleil levant !
(Jean Marc Bernard)
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Par renal le 3 Décembre 2011 à 10:29
Dans la montagne vierge
Les herbes et les fleurs, ne m’abandonne pas,
Leur odeur suit le vent
Les chevreaux jouent de leur jeunesse,
Un aigle fait le point dans le ciel sans secrets.
Le soleil est vivant, ses pieds sont sur la terre,
Ses couleurs font les joues rougissantes d’amour,
Et la lumière humaine se dilate d’aise.
L’homme en grandeur au cœur d’un monde impérissable
Inscrit son ombre au ciel et son feu sur la terre.
(Paul Éluard)
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Par renal le 1 Décembre 2011 à 09:24
L'Alpiniste
La montagne est bâtie sur un secret que l'alpiniste,
cordage et pic à ses pieds, partage avec la crête conquise.
Le cœur se livre en dernier. La neige, réfléchissant le soleil ou incendiant le soir, le dissimule au regard du monde. À travers elle, l'oreille collée à sa peau, j'ai' autrefois, entendu battre le sang de la roche.
Le secret de la montagne, c'est le silence bourdonnant de la ruche aux fleurs fléchies sur lequel s'acharne en vain, le vent.
Au loin - déjà présente - il y a la plaine peuplée du retour, la parole, tel l'amer fruit sur la branche muette-impatiente de régner sur la nudité de l'homme.
(Edmond Jabes)
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Par renal le 29 Novembre 2011 à 13:29
Prose des cimes
De temps à autre, je vais dans la montagne.
Neige et feu.
Pendant des heures, suivant la ligne noire de la rivière,
Je monte à pas lents jusqu’au sommet.
Ou bien, après la fonte des neiges,
Je traverse la forêt pour arriver,
là ou l’herbe est rare,
Parmi les rochers.
Besoin de terre vierge.
Là-haut, dans le grand silence.
Ne pensant à rien ; le corps seul en mouvement.
Et parfois une pensée, comme l’éclat du soleil dans l’eau.
Pensée née de l’intégration du corps.
Avançant à un rythme spirituel.
Les plus hautes instances.
(Kenneth White)
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Par renal le 28 Novembre 2011 à 20:22
C’est un Pays
C’est un pays de montagne,
Mettez vos pas dans mes pas,
Mes chers amis, soyez purs
Soyez fin comme la neige
On entend siffler déjà
L’ombre d’un hiver futur ;
C’est bien plus haut qu’on ne pense,
Vous n’êtes pas seuls, suivez
Suivez-moi ; où êtes-vous ?
C’est bien plus haut qu’on ne pense
C’est un pays de silence
Celui qui parle est perdu.
(Norge)
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Par renal le 26 Novembre 2011 à 19:28
Dans la Sierra
J'aime d'un fol amour les monts fiers et sublimes !
Les plantes n'osent pas poser leurs pieds frileux
Sur le linceul d'argent qui recouvre leurs cimes ;
Le soc s'émousserait à leurs pics anguleux.
Ni vigne aux bras lascifs, ni blés dorés, ni seigles ;
Rien qui rappelle l'homme et le travail maudit.
Dans leur air libre et pur nagent des essaims d'aigles,
Et l'écho du rocher siffle l'air du bandit.
Ils ne rapportent rien et ne sont pas utiles ;
Ils n'ont que leur beauté, je le sais, c'est bien peu ;
Mais, moi, je les préfère aux champs gras et fertiles,
Qui sont si loin du ciel qu'on n'y voit jamais Dieu !
(Théophile Gautier)
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Par renal le 18 Février 2011 à 19:59
La demeure entourée
Le corps de la montagne hésite à ma fenêtre :
« Comment peut-on entrer si l'on est la montagne,
Si l'on est en hauteur, avec roches, cailloux,
Un morceau de la Terre, altéré par le Ciel ? »
Le feuillage des bois entoure ma maison :
« Les bois ont-ils leur mot à dire là-dedans ?
Notre monde branchu, notre monde feuillu
Que peut-il dans la chambre où siège ce lit blanc,
Près de ce chandelier qui brûle par le haut,
Et devant cette fleur qui trempe dans un verre ?
Que peut-il pour cet homme et son bras replié,
Cette main écrivant entre ces quatre murs ?
Prenons avis de nos racines délicates,
II ne nous a pas vus, il cherche au fond de lui
Des arbres différents qui comprennent sa langue. »
Et la rivière dit : « Je ne veux rien savoir,
Je coule pour moi seule et j'ignore les hommes.
Je ne suis jamais là où l'on croit me trouver
Et vais me devançant, crainte de m'attarder.
Tant pis pour ces gens-là qui s'en vont sur leurs jambes,
Ils partent, et toujours reviennent sur leurs pas. »
Mais l'étoile se dit : « Je tremble au bout d'un fil,
Si nul ne pense à moi je cesse d'exister. »
(Jules Supervielle)
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