• Les arbres en poèsie extraits de "L'arbre des grands vents"

    2 pages de poèmes

  • Le chêne de Hindrés

     

    Toi qui viens me célébrer

    Je te remercie de ta visite.

    « Je suis le cœur des Hindrés »

    Je vis au cœur de cette forêt enchantée

    Par Merlin.

    Je puise ma vitalité dans cette terre des fées

    Qui, d’une baguette magique m’ont donné cette longévité.

    J’ai tellement vu d’hivers et d’étés.

    Que j’ai oublié mon âge,

    J’ai peut être 400 ou 500 ans

    Je me sens si vieux que mes branches

    Cassent sous la légère brise.

    Je deviens un danger pour celui

    qui passe sous mes frondaisons

    un matin je me suis vu enclos,

    non pas pour t’empêcher de m’approcher

    mais pour t’éviter une grave blessure.

    Je compte sur ta compréhension,

    Et merci pour ton passage.

     

    Marc  Benredjean

    Le chêne de Hindrés


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  • Passage de l'arbre

     

    Un arbre passe, un homme le regarde

    Et s'aperçoit que ses cheveux sont verts

    Il bouge un bras tout bruissant de feuillages

    Une main douce à cueillir les hivers

    Lentement glisse à travers la muraille

    Et forme un fruit pour caresser la mer.

     

    Quand l'enfant vient, c'est la forêt qui parle

    Il ne sait pas qu'un arbre peut parler

    Il croit entendre un souvenir de sable

    La vielle écorce aussi le reconnaît

    Mais elle a peur de ce visage pâle.

     

    Chacun s'éloigne ----- il vole quelques feuilles

    Tout l'arbre bouge et jette son adieu

    Pour une veine il pleure sept étoiles

    Pour une étoile il a donné ses yeux

    Il a jeté ses racines aux fleuves.

     

    Les derniers cris déserteront les gorges

    Quand les oiseaux ne s'y poseront plus

    Quelqu'un déchire un à un les automnes

    Le fils de l'arbre écarte ses bras nus

    Et dit des mots pour que le vent les morde

     

    Robert Sabatier


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  • Cœur de bois

     

    J’ai un voisin robuste,

    Un marronnier de l’avenue Re Umberto ;

    Il a mon âge, mais ne le paraît point.

    Il héberge des passereaux, des merles, et n’a pas honte,

    En avril, de se faire pousser bourgeons et feuilles,

    Et des fleurs frêles au mois de mai.

    Puis en septembre, des bogues aux piquants inoffensifs,

    Qui renferment de luisants marrons tanniques :

    C’est un imposteur mais naïf ; il veut se faire passer

    Pour l’émule de son vaillant frère des montagnes.

    Grand seigneur aux fruits doux, aux champignons précieux.

    Il vit mal. Les trams numéro huit et numéro dix-neuf

    Lui écrasent les racines toutes les cinq minutes ;

    Il en demeure abasourdi

    Et pousse tordu, comme s’il voulait s’enfuir.

    D’année en année, il aspire de lents poisons

    Du sous-sol saturé de méthane ; 

    Les chiens l’abreuvent d’urine,

    Et la poussière septique des allées

    Bouche les rides de son liège ;

    Sous l’écorce pendent des chrysalides

    Mortes et qui, jamais, ne seront papillons.

    Néanmoins, dans son vieux cœur de bois,

    Il s’émeut et jouit du retour des saisons.

     

    Primo Levi

     

    https://pixabay.com


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  • L’hymne à la forêt

     

    Regarde ces rameaux ployant sous le poids

    Des bégonias en fleurs ; vois le difforme

    Entrelacement des lianes qui rappelle

    Les fils suspendus d’une araignée énorme ;

    Vois ces troncs durs, les uns luisants

    Les autres mats, les uns raides,

    Les autres courbes, tordus, paraissant

    En leur contorsions les ombres condamnées ;

    Vois… Ce cri ? ce tintement à ton oreille

    De marteau en bigorne ? ces gémissements ?

    Ces sanglots et ces longs éclats de rire,

    Ici des sifflements, et de temps en temps des sylves, alouettes,

    Glapissements et claquements ?

    Ce sont des oiseaux, ce sont des éperviers,

    Ce sont des arpongas,

    Ce sont des guaches et des toucans,

    Se sont dans les grottes

    Des insectes et reptiles…. Chant admirable !

    Symphonie fantastique ! 

    Elle écoutait.

    Qu’est ce que c’est ? Et je lui expliquais l’hymne de la forêt.

     

    Alberto de Oliveira

    Extraits du livre « Naturellement » Anthologie de poèmes sur la nature

    L’hymne à la forêt


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  • L'arbre et l'enfant


    - Un jour que je me promenais
    Au fond de la grande forêt
    J'ai rencontré un vieux sapin
    Qui avait un très gros chagrin.

    Il avait l'air si malheureux
    Moi j'en avais les larmes aux yeux
    Je suis allé le consoler
    Et c'est alors qu'il m'a parlé

    - Tu sais, petit, j'aimais la vie
    Mais aujourd'hui tout est fini
    Le monde a perdu la raison
    La pluie est devenue poison.

    Va voir les hommes dans leur usine
    Dis-leur d'arrêter les machines
    Dis-leur qu'il reste un peu d'espoir
    Dis-leur avant qu'il soit trop tard.

    Et maintenant faut qu'on se quitte
    Allez! Va vite, petit, va vite!
    - Alors j'ai couru comme un fou
    Et j'ai crié: Arrêtez tout!

    Arrêtez tout! Vous êtes en train de tout détruire
    Demain, c'est la forêt qui va mourir
    Mais ils ne m'ont pas écouté
    Alors je me suis mis à pleurer...

    Je n'irai plus dans la forêt
    Je n'irai plus, non, plus jamais!
    Tout est fini, car ce matin
    J'ai vu tomber mon vieux sapin...

    Jean-Luc Coudray,

     

    Col du Noyer 1664 m (10)

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  • Les arbres

    Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,

    Animez et les champs et vos forêts natales,

    Enfants silencieux des races végétales,

    Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,

     

    La Volupté par qui toute race animée

    Est conçue et se dresse à la clarté du jour,

    La mère aux flancs divins de qui sortit l'Amour,

    Exhale aussi sur vous son haleine embaumée.

     

    Fils des fleurs, vous naissez comme nous du Désir,

    Et le Désir, aux jours sacrés des fleurs écloses,

    Sait rassembler votre âme éparse dans les choses,

    Votre âme qui se cherche et ne se peut saisir.

     

    Et, tout enveloppés dans la sourde matière

    Au limon paternel retenus par les pieds,

    Vers la vie aspirant, vous la multipliez,

    Sans achever de naître en votre vie entière.

    Anatole France

     

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  • L’arbre

    Tout seul,
    Que le berce l’été, que l’agite l’hiver,
    Que son tronc soit givré ou son branchage vert,
    Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
    Il impose sa vie énorme et souveraine
    Aux plaines.

    Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
    Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;
    Les yeux aujourd’hui morts, les yeux
    Des aïeules et des aïeux
    Ont regardé, maille après maille,
    Se nouer son écorce et ses rudes rameaux.
    Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ;
    Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ;
    Il abritait leur sieste à l’heure de midi
    Et son ombre fut douce
    A ceux de leurs enfants qui s’aimèrent jadis.

    Dès le matin, dans les villages,
    D’après qu’il chante ou pleure, on augure du temps ;
    Il est dans le secret des violents nuages
    Et du soleil qui boude aux horizons latents ;
    Il est tout le passé debout sur les champs tristes,
    Mais quels que soient les souvenirs
    Qui, dans son bois, persistent,
    Dès que janvier vient de finir
    Et que la sève, en son vieux tronc, s’épanche,
    Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches,
    - Lèvres folles et bras tordus -
    Il jette un cri immensément tendu
    Vers l’avenir.

    Alors, avec des rais de pluie et de lumière,
    Il frôle les bourgeons de ses feuilles premières,
    Il contracte ses nœuds, il lisse ses rameaux ;
    Il assaille le ciel, d’un front toujours plus haut ;
    Il projette si loin ses poreuses racines
    Qu’il épuise la mare et les terres voisines
    Et que parfois il s’arrête, comme étonné
    De son travail muet, profond et acharné.

    Mais pour s’épanouir et régner dans sa force,
    Ô les luttes qu’il lui fallut subir, l’hiver !
    Glaives du vent à travers son écorce.
    Cris d’ouragan, rages de l’air,
    Givres pareils à quelque âpre limaille,
    Toute la haine et toute la bataille,
    Et les grêles de l’Est et les neiges du Nord,
    Et le gel morne et blanc dont la dent mord,
    jusqu’à l’aubier, l’ample écheveau des fibres,
    Tout lui fut mal qui tord, douleur qui vibre,
    Sans que jamais pourtant
    Un seul instant
    Se ralentît son énergie
    A fermement vouloir que sa vie élargie
    Fût plus belle, à chaque printemps.

    En octobre, quand l’or triomphe en son feuillage,
    Mes pas larges encore, quoique lourds et lassés,
    Souvent ont dirigé leur long pèlerinage
    Vers cet arbre d’automne et de vent traversé.
    Comme un géant brasier de feuilles et de flammes,
    Il se dressait, superbement, sous le ciel bleu,
    Il semblait habité par un million d’âmes
    Qui doucement chantaient en son branchage creux.
    J’allais vers lui les yeux emplis par la lumière,
    Je le touchais, avec mes doigts, avec mes mains,
    Je le sentais bouger jusqu’au fond de la terre
    D’après un mouvement énorme et surhumain ;
    Et J’appuyais sur lui ma poitrine brutale,
    Avec un tel amour, une telle ferveur,
    Que son rythme profond et sa force totale
    Passaient en moi et pénétraient jusqu’à mon coeur.

    Alors, j’étais mêlé à sa belle vie ample ;
    Je me sentais puissant comme un de ses rameaux ;
    Il se plantait, dans la splendeur, comme un exemple ;
    J’aimais plus ardemment le sol, les bois, les eaux,
    La plaine immense et nue où les nuages passent ;
    J’étais armé de fermeté contre le sort,
    Mes bras auraient voulu tenir en eux l’espace ;

    Mes muscles et mes nerfs rendaient léger mon corps
    Et je criais : ” La force est sainte.
    Il faut que l’homme imprime son empreinte
    Tranquillement, sur ses desseins hardis :
    Elle est celle qui tient les clefs des paradis
    Et dont le large poing en fait tourner les portes “.
    Et je baisais le tronc noueux, éperdument,
    Et quand le soir se détachait du firmament,
    je me perdais, dans la campagne morte,
    Marchant droit devant moi, vers n’importe où,
    Avec des cris jaillis du fond de mon coeur fou.

    Emile Verhaeren

     

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  • L’avocatier

     

    L’avocatier

    En robe verte

    Plaide pour son fruit

    L’avocat

     

    On le prend

    Pour une poire

    Mais c’est toujours lui

    Qui a le dernier mot.

     

    Joël Sadeler extrait de « Trente-six chants d’arbres »

     

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    Photo http://lapetuite.free.fr

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  • Je voudrais être un arbre

     

    Je voudrais être un arbre

    Un arbre puissant et fort

    Ancré profondément dans la terre

    Avec des racines-crocs

     

    Je voudrais être un arbre

    Un arbre ça frémit

    Quand il fait froid.

    Et quand il fait chaud

    C’est toujours à l’ombre

     

    Un arbre ça tient tête

    Au vent et au temps

     

    Un arbre c’est respectable

    Ça a un bon tour de taille

    Et plus d’un tour dans ses entrailles

    C’est malicieux un arbre.

     

    Un arbre je voudrais être un arbre

    Témoin du temps et des autres arbres

     

    Un arbre-soleil

    A l’aubier couronné

    Chaque année

     

    Un arbre dans la forêt de Bercé

    Pour l’éternité.

     

    Joël Sadeler extrait de « Trente-six chants d’arbres »

     

    TRONC REDUIT 2

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