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Poèmes extraits de 200 récitations de notre enfance
3 pages de poèmes
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Par renal le 25 Janvier 2013 à 07:35
Paysage
Pas une feuille qui bouge,
Pas un seul oiseau chantant,
Au bord de l’horizon rouge
Un éclair intermittent ;
D’un côté rares broussailles,
Sillons à demi noyés,
Pans grisâtres de murailles,
Saules noueux et ployés ;
De l’autre, un champ que termine
Un large fossé plein d’eau,
Une vieille qui chemine
Avec un pesant fardeau,
Et puis la route qui plonge
Dans le flanc des coteaux bleus,
Et comme un ruban s’allonge
En minces plis onduleux.
Théophile Gautier
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Par renal le 21 Janvier 2013 à 17:47
Nuit de neige
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.
Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes. L'hiver s'est abattu sur toute floraison.
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.
Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées.
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur œil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.
Guy de Maupassant (extrait de100 récitations de notre enfance)
Le Tremblay/Mauldre( photo Renal)
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Par renal le 2 Août 2012 à 13:54
Marine
L'Océan sonore
Palpite sous l'œil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Paul Verlaine,
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Par renal le 10 Décembre 2010 à 13:10
La fenêtre de la maison Paternelle
Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux,
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.
Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et ses enfants suçaient la branche,
Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.
L'oiseau n'est plus, la mère est morte ;
Le vieux cep languit jaunissant,
L'herbe d'hiver croît sur la porte,
Et moi, je pleure en y pensant.
C'est pourquoi la vigne enlacée
Aux mémoires de mon berceau,
Porte à mon âme une pensée,
Et doit ramper sur mon tombeau.
Alphonse de Lamartine, (1790-1869)
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Par renal le 9 Décembre 2010 à 09:28
Chanson de la seine
La Seine a de la chance
Elle n'a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement, sans bruit, sans sortir de son lit
Et sans se faire de mousse
Elle s'en va vers la mer
En passant par Paris.
La Seine a de la chance
Elle n'a pas de souci
Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte
et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse, immobile et sévère
De haut de toutes ses pierres
La regarde de travers
Mais la Seine s'en balance
Elle n'a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s'en va vers le Havre, et s'en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris.
Jaques Prévert, (1900-1977)
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Par renal le 8 Décembre 2010 à 07:49
Aube
Un invisible oiseau dans l'air pur a chanté.
Le ciel d'aube est d'un bleu suave et velouté.
C'est le premier oiseau qui s'éveille et qui chante.
Écoute ! Les jardins sont frémissants d'attente.
Écoute ! Un autre nid s'éveille, un autre nid,
Et c'est un pépiement éperdu qui jaillit.
Qui chante le premier ? Nul ne le sait. C'est l'aurore.
Comme un abricot mûr le ciel pâli se dore.
Qui chante le premier ? Qu'importe ?
On a chanté. Et c'est un beau matin de l'immortel été.
Cécile Vérin, (1877-1959)
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Par renal le 1 Décembre 2010 à 08:00
Chanson dans le vent
C'est l'oiseau qui vole bas, c'est l'hirondelle bleu noir.
C'est l'amour que je n'ai pas, c'est mon cœur au désespoir.
C'est comme à la fin des jours, c'est mon chagrin d'hier soir. C'est la fin de tout amour, c'est mon cœur au désespoir.
C'est l'hirondelle bleu noir, c'est l'oiseau qui vole bas. C'est mon cœur au désespoir, c'est l'amour que je n'ai pas.
Paul Fort, (1872-1960)
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Par renal le 28 Novembre 2010 à 22:26
Nuit d’hiver
Comme il fait bon dormir
Quand le vent sous la porte
Éveille d'anciens loups
Et de leur âme morte
Fait un long souvenir
Qui se glisse vers nous !
Dans la chambre où la peur
Touche à peine le cœur
D'un heureux tremblement,
Tout près de ses parents,
Ah! Qu’il fait bon dormir !
Pierre Menanteau, (1895-1992)
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Par renal le 27 Novembre 2010 à 09:54
Les étrennes des orphelins
Ah ! Quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux,
Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s'éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher...
On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise,
Les baisers répétés, et la gaîté permise !
Arthur Rimbaud, (1854-1891)
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Par renal le 25 Novembre 2010 à 08:50
La neige au village
Lente et calme, en grand silence,
Elle descend, se balance
Et flotte confusément,
Se balance dans le vide,
Voilant sur le ciel livide
L'église au clocher dormant.
Pas un soupir, pas un souffle,
Tout s'étouffe et s'emmitoufle
De silence recouvert...
C'est la paix froide et profonde
Qui se répand sur le monde,
La grande paix de l'hiver.
(Francis Yard, (1876-1947)
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