-
Par renal le 24 Novembre 2010 à 08:58
Matin de décembre
On s'éveille
Du coton dans les oreilles
Une petite angoisse douce
Autour du cœur, comme mousse
C'est la neige,
L'hiver blanc
Sur ses semelles de liège
Qui nous a surpris, dormant.
Guy-Charles Gros, (1879-1956)
2 commentaires -
Par renal le 23 Novembre 2010 à 10:32
Fantaisies d’hiver
Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons,
L'Hiver exécute son thème
Dans le quatuor des saisons.
Il chante d'une voix peu sûre
Des airs vieillots et chevrotants ;
Son pied glacé bat la mesure
Et la semelle en même temps ;
Et comme Haendel, dont la perruque
Perdait sa farine en tremblant,
Il fait envoler de sa nuque
La neige qui la poudre à blanc.
Dans le bassin des Tuileries,
Le cygne s'est pris en nageant,
Et les arbres, comme aux féeries,
Sont en filigrane d'argent.
Les vases ont des fleurs de givre,
Sous la charmille aux blancs réseaux ;
Et sur la neige on voit se suivre
Les pas étoilés des oiseaux.
Théophile Gautier, (1811-1872)
votre commentaire -
Par renal le 20 Novembre 2010 à 20:43
La lune des fleurs
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
Des chants de l'espérance il éteint les accords
Et dans la nuit qui m'environne,
Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse
De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
J'ai perdu ma couronne et j'ai trouvé des pleurs ;
Loin de la foule curieuse,
Jette-moi tes présents, lune mystérieuse.
Entrouvre d'un rayon les noires violettes
Douces comme les yeux d'un séduisant amour.
Tes humides baisers hâteront leur retour.
Pour cacher mes larmes muettes,
Entrouvre d'un rayon les noires violettes.
Marceline Desbordes-Valmore
votre commentaire -
Par renal le 19 Novembre 2010 à 13:11
LE RÉVEIL DES FLEURS
II fait à peine jour ; toute la maison dort
Sous son aile ardoisée
Quand les fleurs du parterre
Ouvrant leur coupe d'or
Déjeunent de rosée.
De blanches jeunes fleurs,
C’est un peuple divin
Parqué dans l'herbe calme.
Le mol acacia fait sur le gravier fin
Un bercement de palme.
Anna de Nouilles
votre commentaire -
Par renal le 17 Novembre 2010 à 09:30
Le Rossignol
Quant ta voix, céleste prélude
Aux silences des belles nuits,
Barbe ailé de ma solitude
Tu ne sais pas que je te suis !
Même si l’’astre des nuits se penche
Aux bords des monts pour t’écouter,
Tu te caches de branche en branche,
Comme si tu voulais l’imiter.
Tu prends les sons que tu recueilles
Dans les cris que répète l’écho,
Dans les frémissements des feuilles,
Dans les gazouillements des flots.
Alphonse Lamartine
votre commentaire -
Par renal le 17 Octobre 2010 à 20:24
LA LUNE BLANCHE
La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...
O bien-aimée.
L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.
Un vaste et tendre
Apaisement Semble descendre
Du firmament Que l'astre irise...
C'est l'heure exquise
Paul Verlaine
votre commentaire -
Par renal le 3 Septembre 2010 à 21:49
A ma mère
Lorsque, ma sœur et moi, dans les forêts profondes,
Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,
En nous baisant au front, tu nous appelais fous,
Après avoir maudit nos courses vagabondes.
Puis, comme un vent d'été confond les fraîches ondes
De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,
Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,
Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.
Et pendant bien longtemps nous restions là, blottis,
Heureux, et tu disais parfois : «ô chers petits, Un jour vous serez grands et moi je serai vieille ! »
Les jours se sont enfuis d'un vol mystérieux, Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.
Théodore de Banville
8 commentaires -
Par renal le 31 Août 2010 à 08:59
QUAND J'AI PASSÉ PAR LA PRAIRIE
Quand j'ai passé par la prairie,
J'ai vu, ce soir, dans le sentier,
Une fleur tremblante et flétrie,
Une pâle fleur d'églantier.
Un bourgeon vert à côté d'elle
Se balançait sur l'arbrisseau ;
Je vis poindre une fleur nouvelle ;
La plus jeune était la plus belle :
L'homme est ainsi, toujours nouveau.
Alfred de Musset
votre commentaire -
Par renal le 30 Août 2010 à 13:44
LA BICHE
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux :
Son petit faon délicieux
A disparu dans la nuit brune.
Pour raconter son infortune
À la forêt de ses aïeux,
La biche brame au clair de lune
Et pleure à se fondre les yeux.
Mais aucune réponse, aucune,
À ses longs appels anxieux !
Et le cou tendu vers les cieux,
Folle d'amour et de rancune,
La biche brame au clair de lune.
Maurice Rollinat
votre commentaire -
Par renal le 13 Août 2010 à 13:09
LE LABOUREUR ET SES ENFANTS
Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'Oût.
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an
II en rapporta davantage.
D'argent, point de caché.
Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Jean de La Fontaine
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique