• Tour de terre en poésie

    2 pages

  • Le tapis indien

     

    Il existe près de Jaipur

    Un tigre bleu

    Qui dort sur un tapis à poil court.

    Quand on lui marche sur la queue

    Il ne crie pas «  au secours ! au secours ! »

    Parce que la jeune fille qui l’a tissé

    Ne savait ni dire

    Ni écrire

    « au secours ! au secours ! »

    Plaignons caressons

    Ce tigre en pure laine de mouton

    Sur lequel on s’essuie les pieds

    Sans qu’il ne puisse protester.

     

    Alain Serres (Asie)

     

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  • Ronde chinoise des cerfs-volants

     

    Des enfants joyeux font signe,

    Courant, lançant leurs cerfs-volants.

    Tu vois, petit frère, le mien est plus grand !

    Mais, petite sœur, le mien va plus vite !

    Va mon cerf-volant, mon cœur pour bagage,

    Entre deux nuages, entre deux courants,

    Va de fleuve en fleuve et de ville en ville,

    Va, mon papillon, va, ma libellule,

    Va, mon fier dragon, mon cerisier blanc.

     

    Jacqueline Held (Asie)

     

    fLEURS REDUITES 4

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  • Toto

     

    Dis d’où viens Toto ?

    Je viens par ma mère

    De Quito et par mon père de Toronto.

    J’ai sept frères

    Et sœurs et un manteau

    Plein de courants d’air

    Comme la cordillère et les hauts plateaux

    Mon père a une grande voiture vert eau

    Et ma mère cette vielle photo

    Où son père  et sa mère

    S’embrassent sur le bateau

    Qui un hiver

    Les conduisit de Quinto à Toronto.

     

    Bernard Chambay (Amérique)

     

    CCACTUS REDUIT 1

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  •  

    Cité

    Six ans

    Au quatorzième étage

    A la lisière du silence

    L’enfant

    Sur la pointe des pieds

    Habite un instant la lumière.

    Et c’est dans le feu du regard

    Que la feuille au bout du rameau

    Devient la forêt qu’il espère.

     

    Alain Boudet (Europe)

     

    DSCF0027

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  • Petit-grain-de-riz

     

    Ils m'appellent

    Petit-grain-de-riz

    J'ai la peau jaune ils disent

    oui jaune comme la fleur

    qui a bu tous les soleils de l'été

     

    J'ai les yeux bridés ils disent

    oui bridés comme ceux du chat

    qui voit plus loin que la nuit

     

    J'ai un chapeau pointu ils disent

    oui pointu comme des mains jointes

    pour faire bonjour merci et bienvenue

     

    Je suis un enfant d'Asie ils disent

    oui d'Asie ou de hasard

    d'Asie ou pas

    d'ici ou là

    comme on est tous grands ou petits

    un petit grain du grand bol de riz

     

    Jean-Pierre Siméon ( Asie)

    DSCF0012

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  • L’océan d’ici

     

    Quand je touche l’eau

    De l’océan Atlantique

    J’effleure le sel

    Qui a caressé d’autres mers

    Qui ont touché d’autres continents.

    Toutes les pluies communiquent.

    L’Europe est comme une île

    Et le monde une noix

    Rempli d’eau.

    Je jette au sel ma voix,

    Il me répond : « Hello ! »

    Je donne à la vague mon poème,

    Elle me prend mon chapeau.

    Je suis un enfant qui aime

    Regarder fondre les bateaux.

     

    Alain Serres (Europe)

     

     

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  • Dans le petit jardin de dix pas (extrait)

     

    Dans le petit jardin de dix pas

    tu peux voir la lumière du soleil

    tomber sur deux œillets rouges

    un olivier et un peu de vigne vierge.

    Accepte d'être celui que tu es.

    Le poème

    ne l'engloutis pas dans de profonds platanes

    nourris-le avec la terre et le rocher que tu as.

    Si tu veux trouver plus creuse au même endroit.

     

    Georges Seféris (grec)

     

    DSCN0907.JPG

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  • Troquer n'est pas voler (extrait)

     

    Un sucre d'orge transparent contre un pied de verre de cristal,

    ou si vous le voulez le pendentif d'un lustre d'église,

    un bout de gâteau de patate contre un petit rien de riz au lait..

    un piège à crabes contre un cerceau de barrique,

    un fer à cheval usé contre un fer d'âne tout neuf...

    un petit œuf de colibri contre une bête à bon Dieu

    et une libellule aux ailes tremblantes...

    Tout cela c'est troquer,

    c'est l'affaire des enfants à l'école,

    des petits écoliers des campagnes.

    Troquer n'est pas voler.

    Chien pour chat, chat pour chien.

    Si tu en veux, prends-le,

    Si tu n'en veux pas, laisse-le.

    Toutes ces bagatelles sont matière à troc,

    sans argent, sans rien d'autre.

    Mais il y a autre chose de grande importance

    qu'un homme ne peut pas troquer.

    Ne troquez pas votre liberté contre aucun brillant discours,

    ne troquez pas votre dignité contre aucun tralala.

    Le beau langage c'est la chaîne dont on attache les bœufs

    et dont on attache les hommes.

    Beau langage n'a jamais rempli sac vide.

    Le beau langage n'est que du vent !

    Ne troquez pas votre vie contre cela !

     

    Gilbert Gratiant (créole)

     

    les saintes (7)

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  • Les étoiles et moi

     

    Les étoiles lointaines brillent dans la nuit

    Elles sont aussi tristes que moi, elles n'ont ni repos, ni sommeil.

    Il y a des années que nous nous connaissons, elles et moi, des nuits de veille.

    Dans la nuit, combien de fois elles et moi, ne posons-nous pas la tête sur l'oreiller ?

     

    Je n'avais encore jamais vu une telle sollicitude, quelqu'un pleurait sur mon sort comme un nuage qui crève

    C'étaient bien les larmes des étoiles, et moi qui croyais que ce n'était que la rosée !

    J'ai prié le vent de leur demander la raison de leur tristesse

    Car les étoiles ne sont pas comme nous, elles sont plus près de la cour du Seigneur.

    Leur messager avait écrit sur l'herbe à l'aide de la rosée

    « Le rayon de la douleur des kurdes a atteint le ciel

    Le cri des Kurdes au nord est parvenu au ciel

    C'est le souffle de leurs soupirs qui fait couler nos larmes ».

     

    PÎREMERD (kurde)

     

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  • Souvenir de Hollande

     

    Pensant à la Hollande,

    je vois à l'infini

    couler, larges et lentes,

    les eaux d'un plat pays ;

    et posés, côte à côte,

    les peupliers en rangs

    avec leurs plumes hautes

    sur l'horizon si grand ;

    et les fermes éparses

    à travers champs,

    qui font naufrage dans l'espace

    tant il paraît profond ;

    des ormes, des villages,

    des tours au front nié,

    des clochers, des bocages

    grandissement liés.

    Très basses les nuées,

    lent le soleil dessous

    dans la grise buée

    de couleurs se dissout ;

    et de partout montée

    s'entend la voix de l'eau,

    l'annonce redoutée

    des éternels fléaux.

     

    HENDRIK MARSMAN (néerlandais)

     

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