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A mes amis du monde
Lettres d’enfants extraites du livre
« On vous écrit de la Terre. »
A mes amis du monde
Bonjour, amis du monde !
Je m'appelle Mbelwa, j'ai presque douze ans et je suis tchadienne. Je vis dans la capitale avec ma famille (mon papa, ma belle-mère et mes frères et sœurs). Ma maman était sage-femme. Mon papa est instituteur. Je suis le troisième enfant et la deuxième fille d'une famille de six enfants
Avant de nous installer à N'Djamena, nous vivions dans une petite ville du sud, koumra. La vie y était belle et les gens sympas. Chez nous, il y avait toujours beaucoup de monde... toute la grande famille de papa et de maman venait nous voir. Dans mon pays, comme dans toute l'Afrique, il n'y a pas de parents éloignés.
Chez nous, les maisons sont en « poto-poto » (terre battue) et les toits sont en tôle ondulée, soit en terre. Quand j'étais petite, je pensais que l'an 2OOO arriverait la fin du monde. Je pensais cela parce que les gens autour de moi le disaient et nous, les enfants, nous y croyions.
Pendant ce temps où j'étais petite, il y a eu la guerre dans mon pays. Beaucoup de personnes sont mortes, ainsi que des richesses, détruites. Les militaires à cette époque ont fait beaucoup de peine aux gens, à des personnes innocentes. Ils ont détruit des écoles, des dispensaires, des bâtiments de l'administration. Il y a eu beaucoup de malheurs et d'horreurs. Aujourd'hui, on continue à reconstruire sur les dégâts causés par la guerre, il y a aussi, depuis, beaucoup de changements dans la tête des gens de chez moi. De plus en plus de petites filles comme moi vont à l'école et les gens parlent assez librement sans être emprisonnés. Il y a aussi des femmes qui travaillent, plus qu'avant. Si j'imagine mon pays dans 50 ans ou dans un siècle ?
Il y aura du pétrole, ou il n'y en aura plus ! Les travaux de forage viennent de commencer. Peut-être que le pétrole permettra à mon pays de se développer. Peut-être qu’il y aura des routes (aujourd'hui il n'y en a pas) et des grandes écoles avec des tableaux et de la craie et aussi avec quelques livres. Peut-être que dans 50 ans ou un siècle, le vent aura chassé les moustiques qui donnent le palu, peut-être que tous les moustiques d’Afrique auront été noyés dans le lac Tchad ou dans la Chari. Si le vent faisait cela, il deviendrait plus grand que le plus grand champion de foot du monde. Et puis le vent qui lève beaucoup la poussière pendant la saison froide pourrait faire danser les arbres et les faire marcher. A la fin du siècle, dans 100 ans, j’aimerais que les enfants de mon âge apprennent à l’école que des arbres du Cameroun et du sud de mon pays sont allés jusqu’au désert du Tibesti pour danser et qu’ils y sont restés, en famille.
J’imagine, je souhaite, que dans cent ans les enfants du monde entier communiqueront librement à tout moment !
Je vous embrasse tous !
Mbelwa (Tchad)
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