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Beaux textes philosophiques et spirituels : Surprise
Surprise
Noël vous prend toujours par surprise. La fête vous arrive avant même que vous ayez pu l’apercevoir. Et pour peu que vous n’ayez pu faire à temps vos achats de cadeaux, vous voilà dans la presse du 24 décembre qui, hélas, tombe immanquablement la veille du 25 ! Et pourtant, les commerçants vous avaient prévenus : c’est Noël !
Décidément, Noël vous prend par surprise. Comme un virage trop vite abordé et pourtant signalé.
Et puis il y a de l’étrange et du louche dans cette fête de Sapins et neige synthétique, père Noël, traîneaux et cadeaux, Mon beau sapin, O douce nuit…, airs si familiers et si déformés qu’on ne sait plus ce qu’ils signifient ; crèche d’aujourd’hui pour nous arracher un instant de pitié et de bonté : pensez aux enfants d’ailleurs ou d’ici, qui meurent de faim et de bien d’autres causes ; cadeaux que l’on donne alors qu’on aurait voulu les recevoir ; réveillon, foie gras et champagne, fête et solitude… Mon Dieu, que se cache-t-il derrière tout cela ?
Un vague souvenir : un enfant né dans une crèche. Mais qu’est-ce qu’une crèche ? Et pourquoi cet enfant-là plutôt que d’autres ? Marie, Joseph, une fable ? Un récit ? Noël : de quel souvenir s’agit-il ? Surtout si, pour vous, remonte d’abord le souvenir des Noëls de votre enfance. A condition que vous ayez eu une enfance ou que, du moins, aujourd’hui vous puissiez la rêver !
Noël : messe de minuit, les églises, le vide ou la foule. Pourquoi ? A coup sûr, on nous cache quelque chose.
Noël : chant de paix. Suffit-il donc d’oublier que toujours, quelque par sur notre terre, la guerre sévit ?
Noël : cri de bonheur et d’innocence. Suffit-il dont d’oublier le malheur et la veulerie ?
Noël : geste de bonté. Suffit-il donc d’oublier la cruauté et la douleur ?
Noël : des « contes de Noël ». Noël ne serait-il que le conte d’une nuit ?
Il doit y avoir un secret. Un secret ? Quel secret ?
Je ne vous livre pas le secret de Noël. La raison est simple : vous n’êtes pas encore en état de le recevoir. Ne vous vexez pas ; je ne veux pas vous offenser. Mais si vous en étiez capables, vous pressentiriez comme il convient de vivre avec ce secret, de l’apprivoiser, de le faire, peu à peu se livrer.
Je vous invite à faire un chemin que nous sommes nombreux à suivre. Un chemin qui ouvre la porte de l’émerveillement sans lequel personne ne peut reconnaître la vérité, la merveille de Dieu pour l’homme, la merveille qu’est l’homme aimé de Dieu.
En avant, voici l’Avent !
(Jean Marie Lustiger)
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