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Contes d'Henri Gougaud : Su Tung-Po et Fo Ying
Su Tung-Po et Fo Ying
Su Tung-Po était un poète, Fo Ying était un maître zen, et tous deux étaient bons amis. Ils avaient leur maison au bord du même fleuve, Fo Ying sur une rive et Su Tung-Po en face, sur la rive opposée.
Un matin, Su Tung-Po rend visite à Fo Ying, mais Fo Ying est absent. Son ami griffonne ces mots sur une feuille de papier qu'il glisse sous la porte close : "Su Tung Po, poète accompli que rien ne saurait émouvoir, même le plus grand vent du monde, est venu te voir ce matin."
Fo Ying, au soir, rentre chez lui. Il trouve, il lit, part d'un grand rire. Il ajoute au bas de la feuille : " Ce que tu viens d'écrire là ne vaut pas un pet de lapin. " Il fait porter à son ami la lettre et son bref commentaire. Su Tung-Po le lit. Il se vexe, met sa barque à l'eau, traverse le fleuve, entre chez Fo Ying. Il rugit :
- Comment oses-tu affirmer que la prose de Su Tung-Po ne vaut pas un pet de lapin ?
- Comment croire, répond Fo Ying, que l'humble pet d'une bestiole ait suffi à pousser Su Tung-Po jusqu'ici, lui que rien ne peut émouvoir, même le plus grand vent du monde ? "
(Henri Gougaud, Petits contes de sagesse pour temps turbulents)
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Commentaires
1PestouneMercredi 26 Novembre 2014 à 11:32un joli conte très drôle pour dire qu'on se laisse bien empoisonner par des broutilles alors qu'il y a tellement de choses plus graves autour de nous. Bonne journée Renal.Répondre-
renalMercredi 26 Novembre 2014 à 12:47
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