• Contes philosophique : L'enfant et le dattier

    L'enfant et le dattier

     

    Non loin des rochers de l'Atlas,
    Au milieu des déserts où cent tribus errantes
    Promènent au hasard leurs chameaux et leurs tentes,
    Un jour, certain enfant précipitait ses pas.
    C'était le jeune fils de quelque musulmane
    Qui s'en allait en caravane.
    Quand sa mère dormait, il courait le pays.
    Dans un ravin profond, loin de l'aride plaine,
    Notre enfant trouve une fontaine,
    Auprès, un beau dattier tout couvert de ses fruits.
    Oh ! quel bonheur ! dit-il, ces dattes, cette eau claire,
    M'appartiennent ; sans moi, dans ce lieu solitaire,
    Ces trésors cachés, inconnus,
    Demeuraient à jamais perdus.
    Je les ai découverts, ils sont ma récompense.
    Parlant ainsi, l'enfant vers le dattier s'élance,
    Et jusqu'à son sommet tâche de se hisser.
    L'entreprise était périlleuse :
    L'écorce, tantôt lisse et tantôt raboteuse,
    Lui déchirait les mains, ou les faisait glisser :
    Deux fois il retomba : mais d'une ardeur nouvelle
    Il recommence de plus belle,
    Et parvient enfin, haletant,
    A ces fruits qu'il désirait tant.
    Il se jette alors sur les dattes.
    Se tenant d'une main, de l'autre fourrageant.
    Et mangeant,
    Sans choisir les plus délicates.
    Tout à coup voilà notre enfant
    Qui réfléchit et qui descend.
    Il court chercher sa bonne mère,
    Prend avec lui son jeune frère,
    Les conduit au dattier. Le cadet incliné,
    S'appuyant au tronc qu'il embrasse,
    Présente son dos à l'aîné ;
    L'autre y monte, et de cette place,
    Libre de ses deux bras, sans efforts, sans danger,
    Cueille et jette les fruits ; la mère les ramasse,
    Puis sur un linge blanc prend soin de les ranger :
    La récolte achevée, et la nappe étant mise,
    Les deux frères tranquillement,
    Souriant à leur mère au milieu d'eux assise,
    Viennent au bord de l'eau faire un repas charmant.

    De la société ceci nous peint l'image :
    Je ne connais de biens que ceux que l'on partage.
    Coeurs dignes de sentir le prix de l'amitié,
    Retenez cet ancien adage :
    Le tout ne vaut pas la moitié.

     

    Jean-Pierre Claris de Florian.

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  • Commentaires

    1
    Pestoune
    Jeudi 18 Juin 2015 à 09:20
    Superbe histoire avec une morale à vivre pour chacun. Rien n'est plus beau dans la vie qu'un partage de quelque nature soit-il. Bonne journée Renal
      • renal Profil de renal
        Jeudi 18 Juin 2015 à 09:43
        Merci Pestoune, toi aussi tu nous fait découvrir de beaux reportages, et je trouve que c'est tout ce partage qui fait la richesse de tous nos blogs sur Kazeo. Bonne journée
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