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L'amour, Stances galantes
Se voir le plus possible.
Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe ou qu'un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son cœur à tout moment ;
Respecter sa pensée aussi loin qu'on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d'un songe,
Et dans cette clarté respirer librement,
Sonnet
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère.
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! J’aurai passé près d'elle inaperçu.
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire;
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre
N’osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
A l’austère devoir pieusement fidèle.
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
Qu’elle est donc cette femme? » Et ne comprendra pas.
(Félix Arvers)
Stances galantes
Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer;
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait
Et, lorsqu'on aime et que le cœur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire :
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère.
Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur !
Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on subir une plus douce loi ?
Qu'étant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre Amour agisse en roi ;
Rendez-vous donc, ô divine Amarante !
Soumettez-vous aux volontés d'Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.
(Molière 1632-1683)
L’'amour ressemble un champ, le laboureur l'amant;
L’un et l'autre présume, à la fin de l'année,
Selon qu'elle sera mauvaise ou fortunée,
Moissonner le chardon, la paille ou le froment.
La paille est la douceur d'un vain contentement,
Mais le vent la dérobe aussitôt qu'elle est née ;
Le chardon, la rigueur d'une Dame obstinée ;
Et la grâce est le grain qu'on recueille en l'aimant.
L’amant ne peut gagner, pour service qu'il fasse
Un point d'honneur plus haut qu'être en la bonne grâce
D'une Dame accomplie, objet de sa langueur.
La grâce vient du cœur, et toute autre espérance
S’éloigne du devoir d'honnête récompense.
Ne désire-t-on plus en amour que le cœur ?
(Margueritede France)
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SALUTTTTTT