• La fée

    La fée

    Viens, bel enfant ! je suis la Fée.

    Je règne aux bords où le soleil

    Au sein de l’onde réchauffée

    Se plonge, éclatant et vermeil.

    Les peuples d’Occident m’adorent.

    Les vapeurs de leur ciel se dorent,

    Lorsque je passe en les touchant;

    Reine des ombres léthargiques,

    Je bâtis mes palais magiques

    Dans les nuages du couchant.

    Mon aile bleue est diaphane ;

    L’essaim des Sylphes enchantés.

    Croit voir sur mon dos, quand je plane,

    Frémir deux rayons argentés.

    Ma main luit, rose et transparente ;

    Mon souffle est la brise odorante

    Qui, le soir, erre dans les champs ;

    Ma chevelure est radieuse,

    Et ma bouche mélodieuse

    Mêle un sourire à tous ses chants !

    J’ai des grottes de coquillages ;

    J’ai des tentes de rameaux verts ;

    C’est moi que bercent les feuillages,

    Moi que berce le flot des mers.

    Si tu me suis, ombre ingénue,

    Je puis t’apprendre où va la nue,

    Te montrer d’où viennent les eaux ;

    Viens, sois ma compagne nouvelle,

    Si tu veux que je te révèle

    Ce que dit la voix des oiseaux

     

    Victor Hugo (Ballades 1826) 

    La fée

    https://pixabay.com


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