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Le sel du bonheur
LE CONTEUR PHILOSOPHE DE MICHEL PIQUEMAL
Certains des enseignements de Sophios étaient bien loin de ce qu'on m'avait appris. Je me souviens qu'à la question «N'y a-t-il rien qui puisse surpasser l'amour ?», il répondit d'une manière peu conforme à la tradition :
Le sel du bonheur
À la mort de son mari, une jeune veuve resta seule avec son fils et décida de lui consacrer sa vie. Pour son enfant, elle voulait le bonheur et elle entreprit d'ôter de son chemin tout ce qui pouvait lui créer de la peine et du souci. Mais plus elle le protégeait, l'entourait d'affection, de douceur, de tranquillité, de sécurité, plus l'enfant s'étiolait. Elle lui offrait les plus beaux divertissements... il s'ennuyait encore et toujours, d'une langueur qui semblait maladive. Finalement, tant de dépenses menèrent la jeune veuve à la ruine. Le pécule que lui avait laissé son mari fondit comme neige. Elle dut changer de maison, travaillé... Elle était au désespoir de ne plus pouvoir gâter son fils. Il fallut abandonner les précepteurs privés, afin qu'il se rende à l'école ; là, il se heurta à la cruauté et aux moqueries de certains de ses camarades. La jeune femme tremblait pour ce fils qu'elle aimait trop.
Mais, contrairement à ses craintes, l'enfant retrouva de l'entrain, de la joie, de l'enthousiasme. Il reçut enfin le baptême salé de la vie, avec ses douleurs, ses peurs et ses chagrins, et il put ainsi entrevoir ces portes du bonheur qu'elle lui avait toujours cachées.
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