Sur la fleur de l’eau grise

La rivière se prélasse

Près de sableuses îles lasses.

Où se perdent les regards ?

La rivière enjambe des rochers

Elle se glisse dans les interstices

Et disparaît.

Angoisse d’un instant !

La rivière cour, coule, se courbe,

Précipice bouillonnant

Colère du temps !

Rive boisée

La rivière patauge

Peupliers argentés,

Saules frissonnants,

Chênes distants.

Rivières vagabonde

Déborde, dérive, divague,

Espiègle et dévergondée,

Comme une foule d’écoliers.

L’oiseau poésie

Plume turquoise

Bec ardoise

Ventre de nacre.

Lorsqu’il sautille,

Des mots s’envolent.

Un nid de brindilles,

Fils entrelacés

Aux jours façonnés.

Il y chante ses trilles,

Phrases gravées

Sur les feuilles du livre.

Double

Je veille quand tu dors,

Je ris quand tu pleures,

Je suis sourd quand tu chantes

Je fais silence quand tu cries,

Je me réjouis quand tu danses.

Un éclat de lumière brille

En chacun de nos yeux.

         (Rolande Causse)

(Jardin des Tuilleries expo mai 2011)

Une vie de rires

Rires vifs,

En cascades tressautantes

Chatouillements,

Picotements.

Rire cristallins,

Chapelets sans fin.

Enfant, tu pouffais à tous moments.

Jeune homme, tu mourais de rire, souvent.

Père tu riais à gorge déployée.

Grand père, tu ris, tu ris

Encore et encore.

Rolande Causse

Errance

Marche dans la forêt

Et le chagrin s’éveille.

Des rayons de soleil

Traversent les pins

Et meurent sur le chemin.

Jeux ombrés.

Cœur égaré.

Vapeur parfumée.

Marche rythmée.

Bien être retrouvé

Au cœur de la forêt.

Rolande Causse

Comme un oubli

Il voulait être,

La page nue,

La marge blanche,

L’espace entre les lettres,

Le repos du lecteur.

Il voudrait être

Des millions de lettres qui se pressent,

Des phrases rythmées,

Des tourbillons enchevêtrés,

Le rêve du lecteur.

Rolande Causse

La clairière

Dans une combe moussue

Sautent des mots farfelus.

Au cœur d’un vent coulis

L’écho de cris hardis.

D’une bouche d’ombre

Sortent des secrets sombres.

Les yeux se ferment.

La clef d’or de la nuit

Eteint tous les bruits

Rolande Causse

Au bord du ruisseau

La libellule plane.

La demoiselle batifole.

La libellule lit

Le livre des champs.

Lis, belle,

Un libelle.

Sais-tu, libellule

Que seule la chouette hulule ?

Vole

Libellule

Transparence,

Frissonnante.

Tu te poses

Sur un roseau,

Balancelle des oiseaux.

Rolande Causse

Rencontre

Champ herbu

Barbu, touffu.

Chant prenant

Aimant, caressant.

En galopant,

Il dévale,

Dans les blés piquants.

Tout en chantant

D’une voix suave,

Elle l’attend.

Rolande Causse.

Murmures

Mots aux ailes de lumières

Mots aux senteurs espiègles.

Mots aux saveurs délicates.

Mots aux tiédeurs anciennes.

Mots laineux de tendresse

Irisés de couleurs en liesse.

(Rolande Causse)