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Par renal le 1 Juillet 2014 à 09:10
Chanson du chat gris
Heure très belle et très fine
Où le soleil non pareil
Qui décline
Promène sur le mur de longues tresses d’or !
Ok regarde ! sur le gazon
Devant la maison.
Le chat gris à la queue rayée,
Qui, charmant tigre domestique,
Lève une patte
Délicate
Et joue avec un moustique.
Louis Codet
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Par renal le 28 Juin 2014 à 09:33
Bleu et blanc
Un petit chat bleu
Semé de pois blancs
Vit un gros rat blanc
Semé de pois bleus.
Leurs mignonnes queues
Différaient de peu.
Oui, mais seulement
Le nez du chat bleu
Etait tout tout blanc,
Le nez du rat blanc
Etait tout tout bleu.
Leurs joues et leurs yeux
Différaient de peu.
Oui, mais seulement
Un cil du chat bleu
Etait tout tout blanc,
Un cil du rat blanc
Etait tout tout bleu.
A cause de ce peu,
De ce tout petit peu
De blanc et de bleu
Ils continuèrent
A se faire la guerre.
Maurice Carême,
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Par renal le 27 Juin 2014 à 07:37
Chaussons gris
Quel est ce chant quel est ce bruit
Qui froufroute et qui bourdonne ?
C'est la bouilloire qui fume ?
Non, c'est un petit rouet qui tourne.
Qui tourne.
Quel rouet,
Tourne pour son seul plaisir
Et fredonne à ravir ?
Celui qui loge dans la gorge
De la chatte qui ronronne.
Ecoute son murmure,
Pense au rouet qui file
Un fuseau qui tourne,
Tourne et tourne
Sur son fil endormi.
Que va-t-elle faire, la chatte
Quand elle aura fini
De tourner son rouet,
Avec tout ce fil ?
Tricoter des chaussons ?
Drôle d'idée un rouet
Dans la gorge d'une chatte !
Gris est son chaton
Gris seront les chaussons
Qu'elle va tricoter.
Clara Doty Bâtes.
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Par renal le 24 Juin 2014 à 09:51
Le lait
Tout d'abord, de son nez délicat il le flaire.
Le frôle ; puis, à coups de langue très petits,
II le lampe, et dès lors il est à son affaire ;
Et l'on entend, pendant qu'il boit un clapotis.
Il boit, bougeant la queue, et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rosé
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors, il se pourlèche un moment les moustaches
Avec l'air étonné d'avoir déjà fini ;
Et, comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,
II relustre avec soin son pelage terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
II les ferme à demi, parfois, en reniflant, Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.
Edmond Rostand
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Par renal le 23 Juin 2014 à 09:03
Palissade
Le chat noir de la palissade
Promène son museau partout,
C'est un pirate en ambassade.
Le chat noir qui s'en vient chez nous.
Dans le jardin ou sur le toit,
En mille et une escapades,
De tous côtés, il est le roi.
Il est le tigre du Bengale
Et le prince des maraudeurs,
Sa moquerie est sans égale :
Ce chat-là est un chapardeur.
Il faut le voir, cet escogriffe,
Ce gracile animal ingrat
Qui lacère à grands coups de griffe
Les détritus de papiers gras.
Il mène sa vie à sa guise,
Ne faisant que ce qui lui plaît,
II se complaît dans des bêtises
Qui ne valent pas un couplet.
Et cependant si ce vaurien
Ne commet que des incartades
À la maison, on l'aime bien,
Le chat noir de la palissade.
Henri Monnier, Les Poèmes du Chat Noir, 1881-1886.
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Par renal le 21 Juin 2014 à 09:32
La chanson du chat noir
L’entrée célèbre sur la cour
S’appelle « escalier de service ».
Dans cette entrée, comme en son fief,
Habite le Chat Noir.
L’obscurité le protège, il cache
Son rire moqueur dans sa moustache…
Tous les chats chantent ou pleurent,
Mais le Chat Noir, lui se tait.
Il n’attrape plus les rats depuis belle lurette ;
Ricanant dans sa moustache,
Il nous attrape aux belles paroles,
A la rondelle de saucisson.
Il n’exige ni ne prie ;
Et seul son œil jaune brille.
Chacun vient le servir de lui-même
Et de surcroit lui dit merci.
Il ne lâche pas un mot
Ne fait que manger et boire.
Quand ses griffes raclent le sol
On dirait qu’il vous fend la gorge.
C’est pour ça, faut croire, qu’est triste
La maison où nous habitons.
Il faudrait y mettre une lampe…
Mais pas moyen qu’on se cotise.
Boulat Okoudjava
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Par renal le 20 Juin 2014 à 07:21
Étude de chat
Aujourd'hui depuis l'aube, ayant ripaillé
Au vieux château qui le vit naître,
II est, sur son fauteuil poudreux et dépaillé,
Accroupi devant la fenêtre.
Il pleuvasse un peu, mais pour ce craintif de l'eau
L'ondée a trop de violence ;
II reste au gîte, y fait son ronronnant solo
Dans la musique du silence.
Confit en sa mollesse, il peine à s'étirer ;
Piété, sort sa griffe, la rentre ;
Pour le moment, sans puce, et gavé son plein ventre
II n'a plus rien à désirer.
Une poussière ayant picoté son nez rosé,
II éternue, et comme un loir,
II s'étend, paresseux, chargé de nonchaloir,
Et genoux plies se repose.
L'œil mi-clos, rêvassant plutôt qu'il ne sommeille,
Gardant l'ouïe et l'odorat,
II guigne le grillon du mur, flaire le rat,
Écoute ronfler une abeille.
Le temps passe, à la fin, de sieste en somnolence,
Il s’endort, puis, se réveillant,
Se rendort de nouveau, se réveille en bâillant,
Tant qu’il sort de son indolence.
Il toussote, se mouche et se désassoupit,
Bombe son échine et la creuse
En redressant sa queue alerte, tout heureuse
D’avoir terminé son répit.
Maurice Rollinat
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Par renal le 17 Juin 2014 à 09:01
Souvenir
II siège au coin du feu, les paupières mi-closes,
Aspirant la chaleur du brasier qui s'éteint ;
La bouilloire bouillonne avec des bruits d'étain ;
Le bois flambe, noircit, s'effile en charbons rosés.
Le royal exilé prend de sublimes poses ;
II allonge son nez sur ses pieds de satin ;
II s'endort, il échappe au stupide destin,
A l'irrémédiable écroulement des choses.
Les siècles en son cœur ont épaissi leur nuit,
Mais au fond de son cœur, inextinguible, luit
Comme un flambeau sacré, son rêve héréditaire :
Un soir d'or, le déclin empourpré du soleil,
De fûts noirs de palmiers sur l'horizon vermeil,
Un grand fleuve qui roule entre deux murs de terre.
Hippolyte Taine,
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Par renal le 13 Juin 2014 à 13:21
Fable africaine
Un vieux chat fort matois et un brin sournois avait accompli un lointain pèlerinage. De retour sur ses terres, il fit savoir aux rats et ratons du voisinage qu'habité de saintes pensées, il ne se nourrirait plus que de fruits et de lait. Au fil des jours et des saisons, rats, rates et ratons s'accoutumèrent à le voir plongé dans ses prières. Ayant désappris d'avoir peur, ils firent comme si eux et lui étaient de vrais amis. Or, un beau jour, alors que deux grosses rates dépourvues de malice s'était approchée le fieffé félin oublia tout de go son âge et ses pensées, prit son élan et saisit mesdames les rates d'un vif, violent et fatal coup de ses agiles pattes... Et, sans plus attendre, d'un bon coup de dents, il les croqua toutes deux, bien vivement.
Moralité :un chat, même vieux, même pieux, reste un chat...
Telle fut en tout cas la leçon donnée aux rates, rats et ratons, ce funeste jour-là.
Fable africaine adaptée par Melchior de Chambilly, Trésor des veillées brionnaises, 1888.
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Par renal le 12 Juin 2014 à 08:41
L’esprit familier
De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu’un soir
J’en fus embaumé, pour l’avoir
Caressée une fois, rien qu’une.
C’est l’esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut être est-il fée, est-il dieu.
Quand mes yeux vers ce chat que j’aime
Tirés comme un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
Charles Baudelaire
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