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Par renal le 28 Avril 2008 à 19:00
Se voir le plus possible.
Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe ou qu'un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son cœur à tout moment ;
Respecter sa pensée aussi loin qu'on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d'un songe,
Et dans cette clarté respirer librement,
Ainsi respirait Laure et chantait son amant.
Vous dont chaque pas touche à la grâce suprême,
C’est vous, la tête en fleurs, qu'on croirait sans souci,
C’est vous qui me disiez qu'il faut aimer ainsi.
Et c'est moi, vieil enfant du doute et du blasphème,
Qui vous écoute et pense, et vous réponds ceci :
Oui, on vit autrement, mais c'est ainsi qu'on aime.
(Alfred de Musset)
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Par renal le 28 Avril 2008 à 18:55
Les Roses de Saadi
J'ai voulu, ce matin, te rapporter des roses;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir.
La vague en a paru rouge et comme enflammée
Ce soir ma robe encore en est tout embaumée...
Respire-en sur moi l'odorant souvenir.
(Marceline Desbordes-Valmore)
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Par renal le 28 Avril 2008 à 18:52
Se voir le plus possible.
Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe ou qu'un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son cœur à tout moment ;
Respecter sa pensée aussi loin qu'on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d'un songe,
Et dans cette clarté respirer librement,
Sonnet
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère.
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! J’aurai passé près d'elle inaperçu.
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire;
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre
N’osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
A l’austère devoir pieusement fidèle.
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :
Qu’elle est donc cette femme? » Et ne comprendra pas.
(Félix Arvers)
Stances galantes
Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille;
Par mes soupirs laissez-vous enflammer;
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait
Et, lorsqu'on aime et que le cœur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire :
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère.
Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur !
Peut-on souffrir une plus douce peine ?
Peut-on subir une plus douce loi ?
Qu'étant des cœurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre Amour agisse en roi ;
Rendez-vous donc, ô divine Amarante !
Soumettez-vous aux volontés d'Amour ;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.
(Molière 1632-1683)
L’'amour ressemble un champ, le laboureur l'amant;
L’un et l'autre présume, à la fin de l'année,
Selon qu'elle sera mauvaise ou fortunée,
Moissonner le chardon, la paille ou le froment.
La paille est la douceur d'un vain contentement,
Mais le vent la dérobe aussitôt qu'elle est née ;
Le chardon, la rigueur d'une Dame obstinée ;
Et la grâce est le grain qu'on recueille en l'aimant.
L’amant ne peut gagner, pour service qu'il fasse
Un point d'honneur plus haut qu'être en la bonne grâce
D'une Dame accomplie, objet de sa langueur.
La grâce vient du cœur, et toute autre espérance
S’éloigne du devoir d'honnête récompense.
Ne désire-t-on plus en amour que le cœur ?
(Margueritede France)
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Par renal le 28 Avril 2008 à 18:49
Perce-moi
Perce-moi l'estomac d'une amoureuse flèche,
Brûle tous mes désirs d'un feu étincelant,
Élève mon esprit d'un désir excellent.
Foudroie de ton bras l'obstacle qui l'empêche.
Si le divin brandon de ta flamme me sèche
Fais sourdre de mes yeux un fleuve ruisselant :
Qu'au plus profond du cœur je porte recelant,
Des traits de ton amour la gracieuse brèche.
Puisque tu n'es qu'amour, ô douce charité,
Puisque pour trop aimer tu nous as mérités
Tant de biens infinis et d'admirables grâces,
Je te veux supplier par ce puissant effort
De l'amour infini qui t'a causé la mort,
Qu'en tes rets amoureux mon âme tu enlaces
(Gabrielle de Coignard)
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Par renal le 28 Avril 2008 à 18:48
Douce dame que j'aime tant et désire
Douce dame, que j'aime tant et désire,
De sorte que jour et nuit je ne pense ailleurs,
Je ne veux pas vous prier ni requérir
Que vous m'accordiez la grâce ni votre amour,
Ni rien qui puisse alléger ma douleur,
A part, sans plus, que vous daigniez savoir
Que je vous aime de cœur, sans décevoir.
Car je ne pourrai nullement arriver,
À mon avis, à un si grand honneur
Et je ne suis pas digne de vous servir.
Aussi, sachez, très belle que je vénère,
Que je tiendrais ma peine pour récompensée
Si vous vouliez parfois vous apercevoir
Que je vous aime de cœur, sans décevoir.
Et, très belle, que j'aime sans repentir,
J'espère tant de biens de votre douceur,
Et votre noble cœur déciderait
Grâce, pitié, noblesse et vraie amour.
Tant qu'il aurait pitié de la douleur
Qui me serre, si vous saviez de voir
Que je vous aime de cœur, sans décevoir
(Guillaume de Machaut) (1300-1377)
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Par renal le 28 Avril 2008 à 18:46
J'ai le cœur...
J'ai le cœur si plein de joie
Qu'il transmue Nature ;
Le gel me semble fleur blanche,
Vermeille et dorée.
Avec le vent et la pluie
Mon bonheur s'accroît :
C'est pourquoi mon Prix s'exalte
Et mon chant s'épure.
J'ai tant d'amour au cœur,
De joie et de douceur
Que frimas est une fleur
Et neige, verdure. .
(Bernard de Ventadour)
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