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Par renal le 14 Décembre 2012 à 07:46
Leçon de grammaire
Je suis, tu es, elle est
Et lui aussi ;
Et tous ceux qui étaient, qui furent
Et sont très bien.
Nous sommes, nous serons
Nous-mêmes ; elle et lui
Seront côte à côte et moi, qui ai été
Je serai.
Et si le hasard voulait que quelqu’un
Qui n’avait pas été ce jour-là fût,
Qu’il soit le bienvenu ! car l’important c’est d’être
Et que tout le monde soit.
David Fernandez, (Cuba)
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Par renal le 11 Décembre 2012 à 08:57
Bâtis dans ton cœur
Des terres de réserve
Des îles vierges
Ne demande à l'espace qu'un peu d'immobilité
Le temps d'une halte
II faut bêcher le territoire au jour le jour
Y planter un drapeau blanc
Et non des épouvantails
Qui apeurent les oiseaux
L'exil est aussi ce chemin
Qui délivre de la solitude
Tout homme seul
Porte la langueur du temps
Sur ses épaules
II pleure le cloisonnement
De l'espace
Mais toi
Regarde plutôt la splendeur
Des songes égarés
Dans l'herbe de ton enfance...
Alain Mabanckou, (Congo)
(Extrait de « Le tour du monde en 80 poèmes)
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Par renal le 4 Décembre 2012 à 09:10
Je suis Milarépa…
Je suis Milarépa, le meilleur des Yogis.
Je suis celui qui chasse le visage des apparences.
Celui qui accueille tous les souhaits.
Je suis un yogi sans opinions,
Celui qui ne s'empresse jamais, quoi qu'il advienne.
Je suis le renonçant sans vivres,
Le mendiant sans possessions,
Le vagabond nu.
Je suis celui qui a vaincu toutes les pratiques,
Je demeure ici mais n'y réside pas,
Je suis un Fou, heureux de la mort,
Je ne possède rien, je n'ai besoin de rien.
Milarépa (Chine, Tibet)
(Extrait de « Le tour du monde en 80 poèmes)
Milarépa est un ascète semi-légendaire tibétain qui aurait vécu au X1 siècle. Il est le disciple de Marpa. Fort des enseignements de ce grand maître, il se retire dans la montagne où il se consacre à la méditation et à la composition des Cent Mille Chants. Vers la fin de sa vie, il s'entoure de plusieurs disciples auxquels il livre ses enseignements. Il est le fondateur d'une école mystique qui donne par la suite naissance au lamaïsme.
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Par renal le 18 Novembre 2012 à 09:41
Qui accueille
Qui accueille s’enrichit
Qui exclut s’appauvrit
Qui élève s’élève
Qui abaisse s’abaisse
Qui oublie se délie
Qui se souvient advient
Qui vit de mort périt
Qui vit de vie sur-vit.
François Cheng (Chine)
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Par renal le 10 Novembre 2012 à 09:06
Caméléon
Caméléon, prête-moi ta robe verte
Pour cueillir l'herbe des prairies.
Prête-moi ta robe grise
Pour pêcher au fond de l'eau,
Prête-moi ta robe bleue
Pour prendre un pan du ciel.
Prête-moi ta robe rouge
Couleur de feu,
Donne-moi ta robe jaune
Couleur de moisson,
C'est elle la plus jolie.
Fatou Ndiaye Sow (Sénégal)
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Par renal le 7 Novembre 2012 à 09:35
Je suis né dans une forêt bleue
Je suis né dans une forêt bleue
et ma mère m'a toujours dit
que j'étais l'arbre le plus triste.
Mon corps a pu servir
à tailler un violon, un peu difforme,
mais avec l'âme d'un enfant perdu.
On m'a mis, tout jeune,
dans une boîte, et je dormais
entouré d'un velours rouge vif.
Pour les grandes occasions,
mon artiste me couchait
sur sa clavicule
et là, à cet endroit
précis, mes souvenirs
de la forêt bleue
se réveillaient toujours.
Le public n'a jamais su
que sous tes doigts
coulaient les rêves
d'un tronc orphelin.
Shlomo Reich (Israël)
Poèmes extraits de « Le Français est un poème qui voyage »
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Par renal le 6 Novembre 2012 à 09:25
Blues
J’ai pris
Tes cheveux un à un
J’ai tissé une barque
Dans la brise de tes yeux
J’ai navigué vers les îles
Aux tulipes bleues
Il neigeait
Sur les coquelicots
De tes lèvres
Triste
Etait l’enfant
Qui avait faim
Il pleuvait des étoiles
Sur le toit de mon cœur
J’ai pris
Ta main de lune
Et j’ai fais un pain.
Tahar Bekri (Tunisie)
extraits de « Le Français est un poème qui voyage »
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Par renal le 28 Septembre 2012 à 07:47
Partout
Je suis un enfant de partout
Un enfant de Paris, de Cotonou,
Un enfant de l’ombre des montagnes
Des plis rouges d’un pagne.
Je suis un enfant des nids de moineaux,
De Mulhouse, de Baltimore,
Des petits bateaux de la baie de Rio
Et pire encore.
Je suis un enfant de quelque part
Né de l’amour entre la chance
Et le hasard.
Un enfant avec un nom,
Un prénom,
Mais un enfant qu’on appelle Terrien
Parce que, sans moi,
Cette planète n’est rien.
Alain Serres (Pays des différences)
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Par renal le 25 Septembre 2012 à 11:56
Fraternité
Regarde-moi. J'ai deux yeux.
J'ai deux mains.
Mon sang est rouge
Mes songes sont comme les tiens,
sombres ou clairs.
Une rose naît dans ma main.
Une rose naît dans ta main.
Il suffit que je dise « rose ».
Il suffit que tu dises « rose... ».
Tu as deux yeux.
Tu as deux mains.
Ton sang est rouge
Quand nous marchons vers le soleil,
chacun de nous possède une ombre,
mais nous ne sommes pas des ombres,
nous ne sommes pas des fantômes,
nous sommes des mains et des cœurs,
nous sommes des pensées humaines.
Pierre Gamarra (Pays des différences)
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Par renal le 25 Septembre 2012 à 11:52
Les mains
Ce sont les mains brunes qui font le pain blond
Ce sont les mains noires qui font le mil clair
Ce sont les mains jaunes qui font le riz blanc
Ce sont les mains rouges qui font le safran d'or
Ce sont les mains vertes qui font les tomates rouges
et ce sont les mains de toutes les couleurs
qui font le monde rond
Francis combes (Pays des différences)
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Par renal le 23 Septembre 2012 à 12:46
La maison des différences
Celui-ci rit quand il faut pleurer,
celui-là boite des deux pieds.
Celle-ci dit « pouch » au lieu de « pouce »,
celle-là aurait pu être rousse.
Cet autre enfant, là-bas,
nage autour de la Lune
et celui du pays qui n'existe pas
se nourrit de beignets d'anneaux de Saturne.
À ne voir que leurs différences
en Terre de France,
on oublierait qu'ils parlent tous L'enfansol,
la langue secrète des boussoles.
Alain serres (Pays des différences)
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Par renal le 30 Juillet 2012 à 16:27
La rivière
Voilà. C'est fait : je suis devenu une rivière.
Ce sera une grande aventure jusqu'à la mer
quel nom me donnera-t-on sur les cartes ?
d'où vient ce cours d'eau inconnu ?
quel ciel reflète-t-il dans ses flots ?
quelle joie, quelle faim, quelle douleur ?
Pardonnez-moi messieurs les géographes
je n'ai pas fait exprès
j'aimais voir couler l'eau
sur toutes les soifs
il y a tant d'assoiffés dans le monde
pour eux me voici changé en rivière.
Je n'aimais pas voir couler les larmes
étant rivière je pourrai qui sait ?
couler à leur place.
Je n'aimais pas voir verser le sang
étant rivière je pourrai
être versé à sa place.
Mon destin est peut-être d'emporter
à la mer toutes les peines !
René Depestre (Haïti) extrait de « Le français est un poème qui voyage »
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Par renal le 26 Juin 2012 à 08:54
Etincelle de Tunisie
Ton visage a rempli
Mes yeux ouverts
Aida
Voisine du bout du monde
Entre un désert
Et son miroir.
Je te lance
Les épis d’oiseaux migrateurs
Leurs promesses lucides
En même temps que toi
J’allume un feu
Dans mon jardin de sable.
Françoise Lison-Leroy (Afrique)
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Par renal le 21 Juin 2012 à 07:06
L’enfant de l’île
Je te regarde vivre
Sur une île à peine plus large
Qu’une feuille de manguier.
Je te vois écouter
La respiration insouciante
De la biodiversité.
Je t’entends toucher la carapace
De la lourde tortue du passé.
Et autour de nous
Dans tous ses bleus réunis
Le lagon fait semblant de dormir,
Un îlot clos,
Et l’autre si vert.
Alain Serres (Océanie)
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Par renal le 10 Juin 2012 à 09:39
L’enfant du désert
Enfants touareg,
Enfant pâtre,
Petit maître du désert,
Ton regard poursuit
La gazelle ou le lièvre,
Guette le scarabée d’or
Ou le profil d’une herbe rare.
Tu étudie jour après jour
Le va-et-vient du sable,
La mélopée du vent,
Le chant lointain de la fontaine,
Là-bas vers la palmeraie.
Jacqueline Held (Afrique)
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