• Les pêcheurs qui ont pêché une pierre

    Des pêcheurs traînaient une seine ; comme elle était lourde, ils se réjouissaient et dansaient, s'imaginant que la pêche était bonne. Mais quand ils eurent tiré la seine sur le rivage, ils y trouvèrent peu de poisson : c'étaient des pierres et autres matières qui la remplissaient. Ils en furent vivement contrariés, moins pour le désagrément qui leur arrivait que pour avoir préjugé le contraire. Mais l'un d'eux, un vieillard, leur dit : " Cessons de nous affliger, mes amis ; car la joie paraît-il, a pour sœur le chagrin ; et il fallait qu'après nous être tant réjouis à l'avance, nous eussions de toute façon quelque contrariété.

    Or donc nous non plus nous ne devons pas, si nous considérons combien la vie est changeante, nous flatter d’obtenir toujours les mêmes succès, mais nous dire qu'il n'y a si beau temps qui ne soit suivi de l'orage.


    votre commentaire
  • Le naufragé et la mer

     

    Un naufragé, jeté sur le rivage, s’y était endormi de fatigue. Quand il se réveilla peu après et qu’il aperçut la mer, il lui reprocha de séduire les hommes par la douceur de son aspect ; puis, quand elle les tenait de s’exaspérer et de les faire périr. Mais la mer, sous la figure d’une femme, lui répondit : « Ce n’est pas moi, l’ami, qu’il faut adresser vos reproches, c’est aux vents. De nature, je suis ce qu’est la terre. Ce sont eux qui fondent sur moi à l’improviste, soulèvent mes flots et me rendent furieuse. »

    à ceux qui dépendent d’autrui : les coupables sont ceux qui commandent.

     

     


    votre commentaire
  • La  femme et la poule

    Une femme veuve avait une poule qui lui pondait tous les jours un œuf. Elle s'imagina que si elle lui donnait plus d'orge, sa poule pondrait deux fois par jour, et elle augmenta en effet sa ration. Mais la poule devenue grasse ne fut même plus capable de pondre une fois le jour.

    Cette fable montre que, lorsqu'on cherche par cupidité à avoir plus que l'on n'a, on perd même ce qu’on  possède.

     

     
     
     
     

    votre commentaire
  • Aphrodite et la chatte

    Une chatte étant tombée amoureuse d'un jeune homme de belle prestance supplia Aphrodite de la métamorphoser en femme. La déesse compatit à sa passion et fit d'elle une jolie fille. Dès qu'il l'aperçut, le jeune homme s'éprit d'elle à son tour et il en fit sa femme. Tandis qu'ils étaient dans la chambre à coucher, Aphrodite fut curieuse de savoir si, en changeant de forme, la chatte avait aussi changé de goûts, et glissa une souris au milieu de la chambre. L'autre, oubliant ce qu'elle est maintenant, saute du lit et court après la souris qu'elle veut manger. Indignée, la déesse refit d'elle ce qu'elle était jadis.<

    Ceux qui sont naturellement et foncièrement méchants peuvent bien changer d'état : ce qui est sûr, c'est que leurs dispositions ne changent pas.

     

    (image trouvé sur le blog de)

    http://touteamequis-eleveelevelemonde.hautetfort.com/felix-leclerc/


    votre commentaire
  • Le devin

    Un devin était à discourir sur la place publique. Tout  à coup, quelqu’un survient et lui annonce que toutes les fenêtres de sa maison sont grandes ouvertes et que tout ce qui était à l’intérieur a été volé. Notre homme bondit en poussant un gémissement et part à toute vitesse. Mais en le voyant courir : « Eh ! quoi, lui dit-on, tu fais profession de prédire les affaires des autres et tu n’a pas prévu ce qui se passait chez toi ? »

    Combien de gens qui gouvernent mal leur propre vie prétendent pourvoir à ce qui ne les regarde pas.


    votre commentaire
  • Le fils et le lion peint

    Un vieillard craintif avait un fils unique plein de courage et passionné pour la chasse ; il le vit en songe périr sous la griffe d'un lion. Craignant que le songe ne fût véritable et ne se réalisât, il fit aménager un appartement élevé et magnifique, et il y garda son fils. Il avait fait peindre, pour le distraire, des animaux de toute sorte, parmi lesquels figurait aussi un lion. Mais la vue de toutes ces peintures ne faisait qu'augmenter l'ennui du jeune homme. Un jour s'approchant du lion : " Mauvaise bête, s'écria-t-il, c'est à cause de toi et du songe menteur de mon père qu'on m'a enfermé dans cette prison pour femmes. Que pourrais-je bien te  faire ?" A ces mots, il asséna sa main sur le mur, pour crever l'œil du lion. Mais une pointe s'enfonça sous son ongle et lui causa une douleur aiguë et une inflammation qui aboutit à une tumeur. La fièvre s'étant allumée là-dessus le fit bientôt passer de vie à trépas. Le lion, pour n'être qu'un lion en peinture, n'en tua pas moins le jeune homme, à qui l'artifice de son père ne servit de rien.

     

    Cette fable montre qu'il faut accepter bravement le son qui nous attend, et ne point ruser avec lui, car on ne saurait y échapper.

     


    votre commentaire
  • Les deux voyageurs  et le voleur de grand chemin

    Deux  soldats rencontrèrent un brigand : l'un d'eux s'enfuit, mais l'autre tint ferme et se défendit d'un bras courageux. Le brigand une fois hors de combat, le poltron accourt, tire son épée, puis, rejetant son manteau : " A moi cet homme-là, dit-il, je vais lui faire sentir à quels gaillards il s'est attaqué. — Voilà ce que tu aurais dû dire tout à l'heure, répondit celui qui avait soutenu la lutte, pour m'aider au moins en paroles ! J'aurais été plus ferme, croyant le propos vrai. Maintenant, rengaine ton épée et ta langue : elles se valent. Peut-être pourrais-tu tromper les gens qui ne te connaissent pas. Moi, j'ai vu ta vigueur à t'enfuir ; je sais à quel point il faut se garder de compter sur ton courage.

    A qui devons-nous appliquer cette histoire ? A qui est brave quand tout va bien, et, dans le péril, s'enfuit.

     

     


    votre commentaire
  • La puce et l’homme

    Une puce importunait fort un homme. Celui-ci l'ayant attrapée : " Qui es-tu donc, s'écria-t-il, pour me dévorer tous les membres, pour me faire mourir ainsi sans dessein, sans raison ? — Mon ami, lui crie l'autre, laisse-moi la vie, ne me tue pas le mal que je puis faire n'est pas grand. " L'homme se mit à rire : " Tu vas mourir à l'instant de mes propres mains, dit-il ; car, petit ou grand, il ne faut pas qu'il y ait de mal du tout au monde. "

    N'ayez jamais pitié du méchant, grand ou petit.

     

    La puce et l’homme, Le cavalier chauve

    Le cavalier chauve

    Un homme chauve qui portait perruque cheminait à cheval. Le vent s’étant mis à souffler, lui enleva ses faux cheveux, et les témoins de sa mésaventure se mirent à rire aux éclats. Alors le cavalier, arrêtant son cheval, dit : « Qu’y a-t-il d’étrange à ce que des cheveux qui ne sont pas les miens me quittent, eux qui ont abandonné même leur vrai propriétaire, avec qui la nature les a fait naître ?

    Il ne faut pas nous affliger des accidents qui nous surviennent : ce qu’on ne tient pas de sa nature dès sa naissance, on ne saurait le garder : nus nous sommes venus, nus nous partirons.

     

     


    votre commentaire
  • Borée et le soleil

    Borée et le Soleil disputaient de leur puissance : ils décidèrent enfin d'attribuer la victoire à celui des deux qui dépouillerait un voyageur de ses habits. Borée commence et souffle avec violence. Le voyageur, qui tenait son manteau devant lui, préféra s'en couvrir ; puis, souffrant du froid encore davantage, il le serre plus fort contre lui. Enfin, découragé, Borée cède la place au Soleil. D'abord, celui-ci darde des rayons modérés ; puis l'homme ayant enlevé son manteau, désormais superflu, la chaleur se fait plus forte et, finalement, devient telle que, ne pouvant plus y tenir, le voyageur se déshabille et se jette en pleine rivière pour prendre un bain.

    La persuasion est souvent plus efficace que la violence.


    votre commentaire
  • Hermès et le bucheron

    Un  bûcheron, en suivant le bord d'un fleuve, y avait laissé tomber sa hache. Fort embarrassé, il s'assit sur la berge et se mit à gémir. Hermès, ayant appris la cause de son chagrin, eut pitié du malheureux : il plonge dans le fleuve, en rapporte une hache d'or et lui demande si c'est là celle qu'il a perdue : " Non, " répond le bûcheron. Hermès plonge à nouveau et rapporte une hache d'argent. Le bûcheron déclarant que ce n'était pas la sienne, le dieu plonge une troisième fois et retire de l'eau la hache du pauvre homme. Et comme celui-ci s'écriait que c'était bien là celle qu'il avait perdue, Hermès, charmé de sa probité, les lui donna toutes trois. De retour chez lui, le bûcheron raconte l'aventure à ses compagnons. L'un d'eux voulut faire comme lui : il se rend au bord du fleuve, y laisse tomber exprès sa cognée et s'assoit en pleurant. Hermès se présente à lui comme à l'autre et lui ayant demandé pourquoi il se lamente, descend dans l'eau comme il l'a déjà fait. Il en retire une cognée d'or et demande au bûcheron si c'est celle qu'il a perdue. " Oui, c'est bien elle ! " s'écrie l'homme tout joyeux. Mais, indigné d'une pareille impudence, le dieu non seulement garde la hache d'or, mais ne lui rend même pas la sienne.

    Autant les dieux sont favorables aux justes, autant ils sont contraires aux méchants.

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique