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Par renal le 16 Octobre 2014 à 09:31
Rouge-gorge mon ami
Rouge-gorge mon ami
Mendiant trois miettes
Dans les hivers de ta vie de braise,
Je hais comme toi,
Les remerciements
Et les réceptions froides comme la neige
Comme toi
Je cogne aux vitres
Je cogne contre les murs
Et j’appelle
Mon cœur aussi chaud
Que ton cœur sous les plumes
Et donne sans détours
Tout ce que je suis
En rougissant.
Jean-Hughes Malineau extrait de « De mémoire de petits garçons »
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Par renal le 13 Octobre 2014 à 09:28
Nombril des mondes
J’écoute la chanson
De la rivière sur les cailloux
Une main dans l’eau qui va,
Une main dans l’herbe
Un œil dans les nuages
Un pied sur terre
Un pied contre l’écorce d’un jeune saule
Une épaule dans le soleil
Et
Dans un coude de la rivière
Une oreille aux murmures de l’eau
Une narine dans la menthe fraiche
Les reins dans la mousse
Je suis
Le nombril des mondes.
Jean-Hughes Malineau extrait de
« De mémoire de petits garçons »
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Par renal le 11 Octobre 2014 à 09:34
Rêves buissonniers
Depuis peu
Le soleil inonde la classe
Dès la première heure de cours.
Sur le chemin déjà
Le parfum des aubépines
Se fiance à l’aube rose.
Et j’ai aperçu ce matin
Le poignard du martin pêcheur
Au-dessus des premiers irais d’eau
Et des renoncules couleur d’or.
En tendant l’oreille
Je reconnais au loin
La chanson écumante de la rivière
Redevenue folle et libre
Dans l’herbe crue
Après le petit déversoir.
J’ai la tête gazouillante
Et avant les processions du mois de mai
Sur le carrelage de la cantine
Des fourmis font la course
De mes chevilles
A mes genoux.
Soudain
La voix du maître déchire
Le bleu du ciel
Et mes rêves buissonniers.
Jean-Hughes Malineau extrait de « De mémoire de petits garçons »
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Par renal le 9 Octobre 2014 à 08:53
Premier pas dans l’écriture
Les forêts jonchées de châtaignes
Filtrent la lumière dorée
D’un dimanche d’automne.
Devant la table de la cuisine
Je suce le bois d’un porte plume
Et m’échappe
Dans le vaste monde
Par la fenêtre minuscule
Qui se reflète
Sur la peau rouge et lustrée
D’une pomme
Au creux d’un compotier
Tourné de mains d’homme
Jean-Hughes Malineau extrait de « De mémoire de petits garçons »
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Par renal le 4 Septembre 2014 à 09:08
Observer son enfant
S’émerveiller chaque jour de ses premières fois.
Première phrase complète pour alerter
Le monde sur l’oubli d’un ballon.
Première volonté de gravir « tout seul » cet escalier trop grand.
Première inquiétudes sur la santé des proches qui prouvent
Que déjà, il voudrait prendre soin.
Première rentrée des classes avec l’angoisse curieuse
De ce nouvel espace où il trouvera place.
Le regarder marcher, arpenteur d’un monde
Que l’on croyait connaître,
Distinguer des lumières éclairant le chemin.
On ne les avait pas vues, on ne voulait plus les voir.
Notre regard éteint par la grisaille des temps
Et la peur des demains.
Et voilà qu’elles scintillent en s’adressant à nous.
Lui il est là. Simplement là.
De ce désir de vie sans autre conditions qu’une prochaine découverte
Pas besoin d’autre chose pour se remettre en route.
Pour avoir, nous aussi, l’envie de commencer.
De nouveau. Avec joie.
Stéphane Bataillon
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Par renal le 11 Août 2014 à 07:24
L'oreiller d'un enfant
Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc ! et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !
Beaucoup, beaucoup d'enfants pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir ;
Ils ont toujours sommeil. Ô destinée amère !
Maman ! douce maman ! cela me fait gémir.
Et quand j'ai prié Dieu pour tous ces petits anges
Qui n'ont pas d'oreiller, moi j'embrasse le mien.
Seule, dans mon doux nid qu'à tes pieds tu m'arranges,
Je te bénis, ma mère, et je touche le tien !
Je ne m'éveillerai qu'à la lueur première
De l'aube ; au rideau bleu c'est si gai de la voir !
Je vais dire tout bas ma plus tendre prière :
Donne encore un baiser, douce maman ! Bonsoir !
Marceline Desbordes-Valmore.
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Par renal le 5 Août 2014 à 13:31
Le bonheur.
Pour apaiser l'enfant qui, ce soir, n'est pas sage,
Églé, cédant enfin, dégrafe son corsage,
D'où sort, globe de neige, un sein gonflé de lait.
L'enfant, calmé soudain, a vu ce qu'il voulait,
Et de ses petits doigts pétrissant la chair blanche
Colle une bouche avide au beau sein qui se penche.
Églé sourit, heureuse et chaste en ses pensées,
Et si pure de cœur sous les longs cils baissés.
Le feu brille dans l'âtre ; et la flamme, au passage,
D'un joyeux reflet rose éclaire son visage,
Cependant qu'au dehors le vent mène un grand bruit...
L'enfant s'est détaché, mûr enfin pour la nuit,
Et, les yeux clos, s'endort d'un bon sommeil sans fièvres,
Une goutte de lait tremblante encore aux lèvres.
La mère, suspendue au souffle égal et doux,
Le contemple, étendu, tout nu, sur ses genoux,
Et, gagnée à son tour au grand calme qui tombe,
Incline son beau col flexible de colombe ;
Et, là-bas, sous la lampe au rayon studieux,
Le père au large front, qui vit parmi les dieux,
Laissant le livre antique, un instant considère,
Double miroir d'amour, l'enfant avec la mère,
Et dans la chambre sainte, où bat un triple cœur,
Adore la présence auguste du bonheur.
Albert Samain.
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Par renal le 3 Février 2014 à 09:18
Comptine qui s’en va
La semaine part en vacances,
Sur la lune lundi,
Dans la mare mardi,
Sur la mer mercredi,
Pour jouer le jeudi,
Dans le vent vendredi,
Dans le sable samedi.
Dimanche, elle revient
Sagement se coucher
Dans le calendrier.
Carl Norac extrait de « Petits poèmes pour passer le temps)
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Par renal le 15 Janvier 2014 à 10:02
Comptine d’hiver
L’hiver, quand papa revient,
Quand il revient de la montagne,
Il a souvent un petit nuage
Sur l’épaule, comme ça.
Il bouge la tête doucement,
Le pousse avec sa moustache
Et le nuage se remet à voler.
Sans se presser, comme ça.
Le nuage s’en va,
Retourne vers les sommets,
Là où la neige, depuis mille ans,
Aime porter elle aussi
Un nuage sur l’épaule
Carl Norac extrait de « Petits poèmes pour passer le temps)
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Par renal le 14 Janvier 2014 à 09:50
Des coups de pieds aux fesses
Quand je fais plein de bêtises,
Que ma sœur, je brutalise,
Souvent, mes parents me disent :
Y a des coups de pied aux fesses
Qui se perdent !
Quand mes leçons, je révise,
Qu’à ma sœur, je fais des bises,
Y a des bisous sur les joues,
Qui se perdent !
Michel Boucher extrait de : Expressions en comptine
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