• Rouge-gorge mon ami

     

    Rouge-gorge mon ami

    Mendiant trois miettes

    Dans les hivers de ta vie de braise,

    Je hais comme toi,

    Les remerciements

    Et les réceptions froides comme la neige

    Comme toi

    Je cogne aux vitres

    Je cogne contre les murs

    Et j’appelle

    Mon cœur aussi chaud

    Que ton cœur sous les plumes

    Et donne sans détours

    Tout ce que je suis

    En rougissant.

     

    Jean-Hughes Malineau extrait de « De mémoire de petits garçons »

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  • Nombril des mondes

     

    J’écoute la chanson

    De la rivière sur les cailloux

    Une main dans l’eau qui va,

    Une main dans l’herbe

    Un œil dans les nuages

    Un pied sur terre

    Un pied contre l’écorce d’un jeune saule

    Une épaule dans le soleil

    Et

    Dans un coude de la rivière

    Une oreille aux murmures de l’eau

    Une narine dans la menthe fraiche

    Les reins dans la mousse

    Je suis

    Le nombril des mondes.

     

    Jean-Hughes Malineau extrait de

    « De mémoire de petits garçons »

    Cascades de l'Alma (9)

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  • Rêves buissonniers

     

    Depuis peu

    Le soleil inonde la classe

    Dès la première heure de cours.

    Sur le chemin déjà

    Le parfum des aubépines

    Se fiance à l’aube rose.

    Et j’ai aperçu ce matin

    Le poignard du martin pêcheur

    Au-dessus des premiers irais d’eau

    Et des renoncules couleur d’or.

     

    En tendant l’oreille

    Je reconnais au loin

    La chanson écumante de la rivière

    Redevenue folle et libre

    Dans l’herbe crue

    Après le petit déversoir.

     

    J’ai la tête gazouillante

    Et avant les processions du mois de mai

    Sur le carrelage de la cantine

    Des fourmis font la course

    De mes chevilles

    A mes genoux.

     

    Soudain

    La voix du maître déchire

    Le bleu du ciel

    Et mes rêves buissonniers.

     

    Jean-Hughes Malineau extrait de « De mémoire de petits garçons »

     

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  • Premier pas dans l’écriture

     

    Les forêts jonchées de châtaignes

    Filtrent la lumière dorée

    D’un dimanche d’automne.

    Devant la table de la cuisine

    Je suce le bois d’un porte plume

    Et m’échappe

    Dans le vaste monde

    Par la fenêtre minuscule

    Qui se reflète

    Sur la peau rouge et lustrée

    D’une pomme

    Au creux d’un compotier

    Tourné de mains d’homme

     

    Jean-Hughes Malineau extrait de « De mémoire de petits garçons »

     

    foret Benoit réduit

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  • Observer son enfant

     

    S’émerveiller chaque jour de ses premières fois.

    Première phrase complète pour alerter

    Le monde sur l’oubli d’un ballon.

    Première volonté de gravir « tout seul » cet escalier trop grand.

    Première inquiétudes sur la santé des proches qui prouvent

    Que déjà, il voudrait prendre soin.

    Première rentrée des classes avec l’angoisse curieuse

    De ce nouvel espace où il trouvera place.

     

    Le regarder marcher, arpenteur d’un monde

    Que l’on croyait connaître,

    Distinguer des lumières éclairant le chemin.

    On ne les avait pas vues, on ne voulait plus les voir.

    Notre regard éteint par la grisaille des temps

    Et la peur des demains.

    Et voilà qu’elles scintillent en s’adressant à nous.

     

    Lui il est là. Simplement là.

    De ce désir de vie sans autre conditions qu’une prochaine découverte

    Pas besoin d’autre chose pour se remettre en route.

    Pour avoir, nous aussi, l’envie de commencer.

    De nouveau. Avec joie.

     

    Stéphane Bataillon

    Le Diamant (22)

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  • L'oreiller d'un enfant

     

    Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
    Plein de plume choisie, et blanc ! et fait pour moi !
    Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
    Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

    Beaucoup, beaucoup d'enfants pauvres et nus, sans mère,
    Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir ;
    Ils ont toujours sommeil. Ô destinée amère !
    Maman ! douce maman ! cela me fait gémir.

    Et quand j'ai prié Dieu pour tous ces petits anges
    Qui n'ont pas d'oreiller, moi j'embrasse le mien.
    Seule, dans mon doux nid qu'à tes pieds tu m'arranges,
    Je te bénis, ma mère, et je touche le tien !

    Je ne m'éveillerai qu'à la lueur première
    De l'aube ; au rideau bleu c'est si gai de la voir !
    Je vais dire tout bas ma plus tendre prière :
    Donne encore un baiser, douce maman ! Bonsoir !


    Marceline Desbordes-Valmore.

     

    fleur111

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  • Le bonheur.

     

    Pour apaiser l'enfant qui, ce soir, n'est pas sage,

    Églé, cédant enfin, dégrafe son corsage,

    D'où sort, globe de neige, un sein gonflé de lait.

    L'enfant, calmé soudain, a vu ce qu'il voulait,

    Et de ses petits doigts pétrissant la chair blanche

    Colle une bouche avide au beau sein qui se penche.

    Églé sourit, heureuse et chaste en ses pensées,

    Et si pure de cœur sous les longs cils baissés.

    Le feu brille dans l'âtre ; et la flamme, au passage,

    D'un joyeux reflet rose éclaire son visage,

    Cependant qu'au dehors le vent mène un grand bruit...

    L'enfant s'est détaché, mûr enfin pour la nuit,

    Et, les yeux clos, s'endort d'un bon sommeil sans fièvres,

    Une goutte de lait tremblante encore aux lèvres.

    La mère, suspendue au souffle égal et doux,

    Le contemple, étendu, tout nu, sur ses genoux,

    Et, gagnée à son tour au grand calme qui tombe,

    Incline son beau col flexible de colombe ;

    Et, là-bas, sous la lampe au rayon studieux,

    Le père au large front, qui vit parmi les dieux,

    Laissant le livre antique, un instant considère,

    Double miroir d'amour, l'enfant avec la mère,

    Et dans la chambre sainte, où bat un triple cœur,

    Adore la présence auguste du bonheur.

     

    Albert Samain.

     

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  • Comptine qui s’en va

     

    La semaine part en vacances,

    Sur la lune lundi,

    Dans la mare mardi,

    Sur la mer mercredi,

    Pour jouer le jeudi,

    Dans le vent vendredi,

    Dans le sable samedi.

    Dimanche, elle revient

    Sagement se coucher

    Dans le calendrier.

     

    Carl Norac extrait de « Petits poèmes pour passer le temps)

     

    Les enfants en poèsie :Comptine qui s?en va


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  • Comptine d’hiver

     

    L’hiver, quand papa revient,

    Quand il revient de la montagne,

    Il a souvent un petit nuage

    Sur l’épaule, comme ça.

    Il bouge la tête doucement,

    Le pousse avec sa moustache

    Et le nuage se remet à voler.

    Sans se presser, comme ça.

    Le nuage s’en va,

    Retourne vers les sommets,

    Là où la neige, depuis mille ans,

    Aime porter elle aussi

    Un nuage sur l’épaule

     

    Carl Norac extrait de « Petits poèmes pour passer le temps)

     


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  • Des coups de pieds aux fesses

     

    Quand je fais plein de bêtises,

    Que ma sœur, je brutalise,

    Souvent, mes parents me disent :

    Y a des coups de pied aux fesses

    Qui se perdent !

    Quand mes leçons, je révise,

    Qu’à ma sœur, je fais des bises,

     Y a des bisous sur les joues,

    Qui se perdent !

     

    Michel Boucher extrait de : Expressions en comptine

     


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