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Par renal le 3 Août 2008 à 11:13
LA PIERRE DANS LE SABLE
Un petit garçon passe son samedi matin à jouer dans son grand bac à sable.
Avec sa pelle rouge, il crée des routes et des tunnels pour ses petites voitures et ses camions. Soudain, au milieu du sable, il découvre une grosse pierre.
Il creuse autour et avec bien du mal, roule la pierre jusqu'au bord de son carré.
Il essaye de soulever la pierre pour la sortir du carré, mais les bords sont assez hauts et il n'y arrive pas. A chaque fois, elle retombe dans son carré.
Il pousse, grogne, lutte, se fait mal aux doigts mais comme récompense, la pierre retombe toujours dans son carré de sable.
Alors il éclate en sanglots.
Son Père qui l'observe s'approche et lui dit doucement mais fermement :
- "Mon garçon, pourquoi n'as-tu pas utilisé toute la force disponible que tu possèdes pour te sortir de ce problème ?"
Le Garçon en sanglots lui dit
-"mais papa, je l'ai fait ! j'ai utilisé toute la force que j'ai !"
Alors le père lui dit
-"tu n'as pas utilisé toute la force que tu possèdes, car tu ne m'as pas demandé de l'enlever" et aussitôt, il saisit la pierre et la retire du carré de sable.
Et vous ? N'êtes-vous pas parfois comme ce petit garçon ? Avez-vous "une pierre" "un fardeau" "un problème" dans votre vie qui doit être retiré ? Perdez-vous toute votre énergie à essayer de l'en sortir seul en vain ? N'oubliez-pas, il y a toujours quelqu'un près de vous qui peut vous aider à vous en sortir !
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Par renal le 3 Août 2008 à 10:48
L'arbre à souhait
Un voyageur très fatigué s'assit à l'ombre d'un arbre
sans se douter qu'il venait de trouver un arbre magique,
"L’Arbre à Réaliser des Souhaits".
Assis sur la terre dure,
il pensa qu'il serait bien agréable
de se retrouver dans un lit moelleux.
Aussitôt, ce lit apparut à côté de lui.
Étonné, l'homme s'y installa en disant que le comble du bonheur serait atteint
si une jeune fille venait masser ses jambes percluses.
La jeune fille apparut et le massa très agréablement.
"J'ai faim, se dit l'homme,
et manger en ce moment serait à coup sûr un délice."
Une table surgit, chargée de nourritures succulentes.
L'homme se régala.
Il mangea et il but.
La tête lui tournait un peu.
Ses paupières, sous l'action du vin et de la fatigue, s'abaissaient.
Il se laissa aller de tout son long sur le lit,
en pensant encore aux merveilleux évènements de cette journée extraordinaire.
"Je vais dormir une heure ou deux, se dit-il.
Le pire serait qu'un tigre passe par ici pendant que je dors."
Un tigre surgit aussitôt et le dévora.
Vous avez en vous un Arbre à souhait qui attend vos ordres.
Mais attention,
il peut aussi réaliser vos pensées négatives et vos peurs.
En tout cas, il peut être parasité par elles et se bloquer.
C'est le mécanisme des soucis.
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Par renal le 3 Août 2008 à 10:43
Pourquoi devons-nous écouter notre coeur?
-Parce que, là où sera ton coeur,
Là sera ton trésor. »
« Pourquoi dois-je écouter mon coeur?
-Parce que tu n'arriveras jamais à le faire taire.
Et même si tu feins de ne pas entendre ce qu'il te dit,
Il sera là, dans ta poitrine,
Et ne cessera de répéter ce qu'il pense
De la vie et du monde. »
Le jeune homme continua donc à écouter son coeur,
Tandis qu'ils cheminaient dans le désert.
Il parvint à connaître ses ruses et ses stratagèmes,
Et finit par l'accepter comme il était.
Alors il cessa d'avoit peur
Et cessa d'avoir envie de retourner sur ses pas,
Car un certain soir
Son coeur lui dit qu'il était content.
« Même si je me plains un peu, disait son coeur,
C'est seulement que je suis un coeur d'homme,
Et les coeurs des hommes sont ainsi.
Ils ont peur de réaliser leurs plus grands rêves,
Parce qu'ils croient ne pas mériter d'y arriver,
Ou ne pas pouvoir y parvenir.
Nous, les coeurs, mourrons de peur
A la seule pensée d'amours enfuies à jamais,
D'instants qui auraient pu être merveilleux
Et qui ne l'ont pas été,
De trésors qui auraient pu être découverts
Et qui sont restés pour toujours
Enfouis dans le sable.
Car, quand cela se produit,
Nous souffrons terriblement, pour finir. »
« Chaque homme sur terre
A un trésor qui l'attend, lui dit son coeur.
Nous, les coeurs, en parlons rarement,
Car les hommes ne veulent plus trouver ces trésors.
Nous n'en parlons qu'aux petits enfants.
Ensuite, nous laissons la vie
Se charger de conduire chacun vers son destin.
Malheureusement, peu d'hommes suivent le chemin qui leur est tracé,
Et qui est le chemin de la Légende Personnelle et de la félicité.
Alors, nous, les coeurs,
Commençons à parler de plus en plus bas,
Mais nous ne nous taisons jamais.
Et nous faisons des voeux
Pour que nos paroles ne soient pas entendues:
Nous ne voulons pas que les hommes souffrent
Pour n'avoir pas suivi la voie que nous leur avions indiquée.
-Pourquoi les coeurs ne disent-ils pas aux hommes
Qu'ils doivent poursuivre leurs rêves?
Demanda le jeune homme à l'Alchimiste.
-Parce que, dans ce cas,
C'est le coeur qui souffre le plus.
Et les coeurs n'aiment pas souffrir. »
Le jeune homme, de ce jour, entendit son coeur.
Il lui demanda de ne jamais l'abandonner.
Il lui demanda de se serrer dans sa poitrine
Lorsqu'il serait loin de ses rêves,
Et de lui donner le signal d'alarme.
Et il jura que, chaque fois qu'il entendrait ce signal,
Il y prendrait garde.
Paulo Coelho - Extraits de L'Alchimiste -
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Par renal le 24 Juillet 2008 à 09:37
Le fiancé de la princesse
Il était une fois un petit royaume où régnait un vieux roi respecté de ses sujets. Il navait pas de prince héritier et voulait chercher un fiancé pour sa fille de dix ans.
Il fit sélectionner un certain nombre dadolescents, plus doués les uns que les autres, les réunit dans son palais et remit à chacun deux un sachet de graines.
Lannée suivante, au jour fixé, tous les garçons apportèrent au palais les fleurs quils avaient consciencieusement cultivées.
Dans la grande salle du trône parfumée de verdure, les plantes étaient magnifiques et les fleurs superbes.
Le roi et la reine passèrent lentement en revue les rangées de pots, la mine grave et soucieuse.
Soudain ils sarrêtèrent devant un adolescent triste et timoré, qui avait les larmes aux yeux.
Vos Majestés, dit-il, je ne comprends pas ce qui est arrivé. Jai demandé autour de moi de la meilleure terre et des meilleurs engrais, jai suivi tous les bons conseils, jai pris le plus grand soin de vos graines, hélas rien na poussé. Je suis honteux davoir échoué, je suis venu seulement pour ne pas jeter le déshonneur sur ma famille et sur mon village.
Le roi lui annonça gentiment :
Cest toi le fiancé de la princesse.
Des murmures de surprise, de déception voire même de désapprobation, parcoururent la foule, mais personne nosa contester la sentence royale.
Depuis ce jour le petit garçon vécut au palais où il reçut léducation dun prince héritier.
Puis il monta sur le trône et régna longtemps.
Au soir de leur vie, la princesse qui était devenue reine lui dévoila enfin le choix de ses parents :
Avant de mettre les graines en sachets, ma mère les avait cuites à la vapeur. Pour réussir les autres garçons avaient réparé ce quils croyaient être un coup du sort ou une erreur humaine. Ils étaient certainement malins et débrouillards, ils avaient même le sens de linitiative, ou on les avait trop bien aidés. Mais ils navaient pas deviné le problème de mon père : par cette épreuve il voulait trouver un fils honnête, en qui il pourrait mettre toute sa confiance, ni plus ni moins. Ensuite il aurait tout le loisir de le former, pour en faire un prince puis un roi.
Le vieux roi soupira :
Nos parents étaient bien étranges, jai été choisi parce que jai bien répondu à la question, alors que je navais nulle conscience de lexistence de cette question. Cétait donc un coup de dé !
La reine le rassura doucement :
Ne te tracasse pas vainement, à leurs yeux tu étais le plus digne de tous et jamais ils nont eu de doute à ton sujet.
Le zen cest cela, mystérieux et ordinaire.
De tous temps, il existe sûrement une prime à la vérité et à la sincérité.
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Par renal le 16 Juillet 2008 à 09:50
Il était une fois un roi que la vanité avait rend fou (la vanité finit toujours par rendre fou).
Ce roi fit construire un temple dans les jardins de son palais et, dans le temple, il fit ériger une imposante statue de lui en position de lotus.
Tous les matins, après le petit déjeuner, le roi allait dans son temple et il se prosternait devant son image, s'adorant lui-même.
Un jour, il décida qu'une religion qui n'avait qu'un seul disciple n'était pas une grande religion. Aussi réfléchit-il à la manière d'accroître le nombre de ses adorateurs.
Il décréta alors que tous les soldats de la garde royale se prosterneraient devant la statue au moins une fois par jour. De même feraient tous les serviteurs et ministres de son royaume. '
Le temps passant, et sa folie augmentant, un jour, non content de la soumission de ceux qui l'entouraient, il ordonna à la garde royale de se rendre au marché et de ramener les trois premières personnes qu'elle croiserait.
« Ainsi, songea-t-il, je démontrerai la force de la foi en moi. J'exigerai qu'elles s'inclinent devant ma statue et, si elles sont sages, elles le feront ; sinon, elles ne méritent pas de vivre. »
Les gardes allèrent sur la place du marché et revinrent avec un érudit, un prêtre et un mendiant qui, en effet, étaient les trois premières personnes qu'ils avaient rencontrées.
Tous trois furent conduits au temple et présentés au roi.
« Voici l'image du seul Dieu véritable, leur dit le roi. Agenouillez-vous devant elle ou vos vies lui seront offertes en sacrifice. »
L'érudit pensa : « Le roi est fou et il me tuera si je ne m'incline pas. À l'évidence, il s'agit là d'un cas de force majeure. Personne ne pourrait méjuger d'une attitude qui fut faite sans conviction, pour sauver ma vie, et en fonction de la société à laquelle je me dois. » II se prosterna donc devant la statue.
Le prêtre pensa : « Le roi est devenu fou et il accomplira sa sentence. Je suis un élu du Dieu véritable et, de ce fait, mes actes spirituels sanctifient le lieu où je me trouve. Peu importe l'image. Le Dieu véritable sera celui que j'honore. » Et il s'agenouilla.
Puis vint le tour du mendiant, qui ne faisait pas un geste.
'Agenouille-toi, ordonna le roi.
Majesté : je ne me dois pas au peuple, qui en réalité, la plupart du temps, me chasse à coups pied de devant les demeures qu'il habite. Je ne suis non plus l'élu de personne, sauf des rares poux qui survivent sur ma tête. Je ne sais juger personne ni ne peux sanctifier aucune image. Pour ce qui est de ma vie, je ne crois pas qu'elle soit un bien si précieux qu'il vaille la peine de faire le ridicule pour la conserver. Par conséquent, mon seigneur, je ne vois aucune raison qui justifie que je m'agenouille. »
On dit que la réponse du mendiant émut à tel point le roi que celui-ci s'éveilla et entreprit de' réviser ses positions.
C'est pour cette seule raison, raconte la légende, que le roi fut guéri il fit remplacer le temple par une fontaine et la statue par d'immenses jardinières.
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Par renal le 8 Juillet 2008 à 20:15
cet homme avait beaucoup voyagé. Au long de sa vie, il avait visité des centaines de pays réels et imaginaires...
L'un des voyages dont il gardait le souvenir le plus impérissable était sa courte visite au Pays des Longues Cuillères. Il était arrivé à la frontière par hasard : sur le chemin menant d'Uvilandia à Parais, il y avait une petite déviation qui allait vers ce pays. Comme il adorait explorer, il prit ce chemin. La route sinueuse s'arrêtait à une immense maison isolée. En s'approchant, il remarqua que la demeure semblait divisée en deux pavillons : une aile ouest et une aile est. II gara sa voiture et s'approcha de la maison. À la porte, une pancarte annonçait :
pays des longues cuillères « ce petit pays ne compte que deux habitations, nommées noire et blanche. pour le parcourir, vous devez avancer dans couloir jusqu'à l'endroit-où il se divise et tourner à droite si vous voulez visiter la NOIRE, À gauche si c'est la BLANCHE que
VOUS SOUHAITEZ CONNAÎTRE. »
L'homme avança dans le couloir, et le hasard le fit tourner d'abord à droite. Un nouveau couloir d'une cinquantaine de mètres aboutissait à une énorme porte. Dès les premiers pas lui parvinrent des « aïe » et des « ouille » qui provenaient de la pièce noire.
Pendant un moment, les exclamations de souffrance et les gémissements le firent hésiter, mais il décida de continuer. Il arriva à la porte, l'ouvrit et entra.
Assises autour d'une immense table se trouvaient des centaines de personnes. Au centre de la table étaient disposés les mets les plus exquis qu'il fût possible d'imaginer et, bien que tous aient une cuillère leur permettant d'atteindre les plats posés au centre, ils mouraient de faim ! La raison venait de ce que les cuillères, deux fois plus longues que leurs bras, étaient fixées à leurs mains. Tous pouvaient donc se servir, mais aucun n'avait la possibilité de porter la nourriture à sa bouche.
La situation était si désespérée et les cris si déchirants que l'homme fit demi-tour et sortit de la salle en courant.
Il revint à l'embranchement central et prit le couloir de gauche qui conduisait à la pièce blanche. Un couloir exactement pareil au précédent prenait devant une porte identique. La seule différence
était qu'en chemin on n'entendait ni plaintes ni lamentations. Arrivé à la porte, l'explorateur tourna la poignée et pénétra dans la pièce.
Des centaines de personnes se trouvaient également assises autour d'une table semblable à celle de la pièce noire. Au centre, on voyait aussi des plats exquis, et toutes les personnes portaient une longue cuillère fixée à leur main.
Mais ici, personne ne se plaignait ni ne se lamentait. Personne ne mourait de faim, parce que tous se donnaient à manger les uns aux autres !
L'homme sourit, fit demi-tour et quitta la pièce blanche. Lorsqu'il entendit le « clic » de la porte | qui se refermait, il se retrouva soudain, mystérieusement, dans sa voiture, en train de conduire sur la route qui menait à Parais. (Jorge Bucay)
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Par renal le 8 Juillet 2008 à 09:52
Le trésor enterré
Dans la ville de Cracovie, un vieillard pieux et généreux qui s'appelait Izy. Plusieurs nuits de suite, il rêva qu'il allait à Prague et arrivait sur un pont au-dessus d'une rivière. Il rêva que sur l'une des berges de la rivière, sous le pont, se trouvait un bel arbre feuillu. Il rêva que lui-même creusait un puits à côté de l'arbre et que, de ce puits, il sortait un trésor qui lui apportait bien-être et tranquillité pour le restant de ses jours.
Au début, Izy ne lui accorda que peu d'importance. Mais, comme ce rêve se répéta pendant plusieurs semaines, il l'interpréta comme un message et décida qu'il ne pouvait ignorer ce renseignement qui lui venait de Dieu - ou allez savoir d'où - pendant son sommeil.
C'est ainsi que, se fiant à son intuition, il chargea sa mule en vue d'un long voyage et se mit en route pour Prague.
Au bout de six jours de marche, le vieillard arriva à Prague et se mit en quête du pont qui enjambait une rivière aux abords de la ville.
Il n'y avait pas trente-six rivières, ni trente-six ponts, aussi découvrit-il rapidement l'endroit qu'il cherchait. Tout était exactement comme dans son rêve : la rivière, le pont et, sur l'une des berges, l'arbre sous lequel il devait creuser.
Un seul détail ne figurait pas dans le rêve : jour et nuit, le pont était gardé par un soldat de la garde impériale.
Izy n'osait pas creuser tant que le soldat était là; il campa donc près du pont et attendit. La deuxième nuit, le soldat commença à suspecter cet homme qui campait près du pont, aussi s'approcha-t-il pour l'interroger.
Le vieil homme, ne trouvant aucune raison de lui mentir, lui raconta qu'il était venu d'une ville très lointaine parce qu'il avait rêvé qu'à Prague, sous un pont comme celui-ci, était enfoui un trésor.
Le garde se mit à rire aux éclats.
« Tu as voyagé longtemps pour une chose stupide, lui dit-il. Depuis trois ans, je rêve toutes les nuits que dans la ville de Cracovie, sous la cuisine d'un vieux fou nommé Izy, est enterré un trésor. Ah, ah, ah Crois-tu que je devrais aller à Cracovie chercher cet Izy et creuser dans sa cuisine ? Ah, ah, ah! »
Izy remercia aimablement le garde et s'en retourna chez lui.
En arrivant, il creusa un trou dans sa cuisine et découvrit le trésor qui avait toujours été enterré là.
(JORGE BUCAY)
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Par renal le 8 Juillet 2008 à 09:38
Les grenouilles tombées dans la jatte de crème
Un jour, deux grenouilles tombèrent dans une jatte de crème. Aussitôt, elles s'aperçurent qu'elles s'enfonçaient : impossible de nager ou de flotter longtemps dans cette pâte molle aussi épaisse que des sables mouvants. Au début, les deux grenouilles agitèrent violemment leurs pattes dans la crème pour atteindre le bord de la jatte. En vain : elles ne parvenaient qu'à barboter au même endroit en s'enlisant. Elles avaient de plus en plus de mal à remonter à la surface et à reprendre leur souffle. L'une d'elles dit tout haut :
« Je n'en peux plus. On ne peut pas sortir de là. Impossible de nager dans cette substance. Je vais mourir, je ne vois pas pourquoi je prolongerais cette souffrance. Où est l'intérêt de mourir épuisée par un effort stérile ? »
Ayant dit cela, elle cessa de s'agiter et s'enfonça rapidement, littéralement engloutie par l'épais liquide blanc.
L'autre grenouille, plus persévérante ou peut-être plus obstinée, se dit : « Rien à faire ! Pas moyen d'avancer dans cette matière. Pourtant, bien que la mort soit proche, je lutterai jusqu'à mon dernier souffle. Je refuse de mourir une seconde avant que mon heure ait sonné. »
Elle continua à s'agiter et à barboter au même endroit, sans avancer d'un pouce, pendant des heures et des heures.
Et soudain, à force de trépigner et de battre des cuisses, de s'agiter et de patauger, la crème se transforma en beurre.
Surprise, la grenouille fit un bond et, patinant, arriva au bord de la jatte. De là, elle rentra chez elle en coassant joyeusement.
(Jorge Bucay)
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Par renal le 4 Juillet 2008 à 21:04
LES ENFANTS ÉTAIENT SEULS
Leur mère était partie de bon matin et elle les avait confiés à la garde de Marina, une Jeune fille de dix-huit ans qu'elle engageait parfois quelques heures pour les garder, en échange de menus gages.
Depuis la mort du père, les temps étaient devenus trop durs pour risquer de perdre son travail chaque fois que la grand-mère tombait malade ou s'absentait de la ville.
Lorsque le petit ami de la jeune fille appela Marina pour l'inviter à faire une promenade dans sa voiture toute neuve, elle n'hésita pas longtemps. Après tout, les enfants dormaient, comme tous les après-midi, et ils ne se réveilleraient pas avant cinq heures.
Dès qu'elle entendit le Klaxon, elle attrapa son sac et décrocha le téléphone. Elle prit la précaution de fermer la porte de la chambre et mit la clé dans sa poche. Elle ne voulait pas prendre le risque que
Pancho se réveille et descende l'escalier à sa recherche : il n'avait que six ans et, dans un moment d'inattention, il pourrait tomber et se blesser. De plus, pensa-t-elle, si cela arrivait, comment expliquerait-elle à sa mère que l'enfant ne l'ait pas trouvée ?
Ce fut peut-être un court-circuit dans le téléviseur allumé ou dans une lampe du salon, ou alors une étincelle dans la cheminée; toujours est-il que lorsque les rideaux commencèrent à brûler, le feu atteignit rapidement l'escalier de bois qui conduisait aux chambres.
La toux du bébé, causée par la fumée qui s'infiltrait sous la porte, le réveilla. Sans réfléchir, Poncho sauta du lit et se débattit avec la poignée pour ouvrir la porte, mais il n'y parvint pas.
De toute façon, s'il y était arrivé, lui et son petit frère de quelques mois auraient été dévorés en quelques minutes par les flammes.
Poncho cria, appelant Marina, mais personne ne répondit à ses appels au secours. Aussi courut-il vers le téléphone qui était dans la chambre (il savait comment composer le numéro de sa mère), mais la ligne était coupée.
Poncho comprit qu'il devait sortir son petit frère de là. Il essaya d'ouvrir la fenêtre qui donnait sur la corniche, mais il était impossible à ses petites mains de dégager le loquet de sécurité et, même s'il y était arrivé, il lui aurait encore fallu détacher le grillage que ses parents avaient installé en guise de protection.
Lorsque les pompiers finirent d'éteindre l'incendie, le sujet de conversation de tous était le même : Comment cet enfant si jeune avait-il pu briser la vitre, puis faire sauter le grillage avec le portemanteau ?
Comment avait-il pu porter le bébé dans un sac à dos ?
Comment avait-il pu marcher sur la corniche avec un tel poids et se laisser glisser le long de l'arbre? Comment avait-il pu sauver sa vie et celle de son frère?
Le vieux capitaine des pompiers, homme sage et respecté, leur donna la réponse : « Poncho était seul... Il n'y avait personne pour lui dire qu'il n'y arriverait jamais. »
(JORGE BUCAY)
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Par renal le 4 Juillet 2008 à 21:00
Obstacles
Le texte que je transcris ici n'est pas un conte. C'est plutôt une méditation guidée, dessinée en forme de rêverie dirigée, pour explorer les véritables raisons de quelques-uns de nos échecs. Je me permets de vous suggérer de le lire lentement, en essayant de vous arrêter quelques instants sur chaque phrase, en visualisant chaque situation.
J’avance sur un sentier.
Je laisse mes pieds me porter
Mes yeux se posent sur les arbres, sur tes oiseaux, sur les pierres.
À l'horizon se détache la silhouette d'une cité.
J'aiguise mon regard pour mieux la distinguer.
Je me sens attiré par elle.
Sans savoir comment, je me rends compte que je peux trouver tout ce que je désire dans cette cité.
Tous mes désirs, mes objectifs, mes succès, Mes ambitions et mes rêves se trouvent dans cette cité.
Ce que je veux obtenir, ce dont j'ai besoin, ce que j'aimerais le plus être, ce à quoi j'aspire, ce que je tente, ce pour quoi je travaille, ce que j'ai toujours convoité, ce qui serait la plus grande de mes réussites.
J'imagine que tout cela se trouve dans cette cité.
Sans hésiter, je me dirige vers elle.
Peu après m'être mis en chemin, le sentier se met à monter.
Je me fatigue un peu, mais ça n'a pas d'importance. Je continue.
Plus loin sur le sentier, j'aperçois une ombre noire.
En m'approchant, je me rends compte qu'un immense fossé m'interdit le passage. J'ai peur... Je doute.
Je suis contrarié de ne pouvoir atteindre mon but avec facilité.
Quoi qu'il en soit, je décide de sauter le fossé, Je recule, je prends mon élan et je saute... Je parviens à le franchir. Je me redresse et poursuis mon chemin. Quelques mètres plus loin apparaît un autre fossé. Je reprends mon élan et le saute aussi.
Je cours vers la cité : la voie paraît dégagée. Un abîme en travers du sentier me surprend. Je m'arrête. Impossible de le franchir. Sur un versant, je vois du bois, des clous, les outils. Je prends conscience qu'ils sont là pour construire un pont. Je n'ai jamais été habile de mes mains...
J'envisage de renoncer.
Je regarde le but que je désire... et je m'enhardis.
Je commence à construire le pont.
Passent des heures, des jours, des mois peut-être.
Le pont est terminé.
Tout ému, je le traverse et, en arrivant de l'autre côté..., je découvre le mur.
Un mur gigantesque, froid et humide, entoure la cité de mes rêves...
Je me sens abattu...
Je cherche comment l'éviter.
Il n'y a pas moyen.
Je dois l'escalader.
La cité est si proche...
Je ne laisserai pas le mur me barrer le passage.
Je me propose de grimper.
Je me repose quelques minutes et reprends mon souffle...
Soudain j'aperçois sur le bord du chemin, un enfant qui me regarde comme s'il me connaissait. Il m'adresse un sourire complice.
Il me rappelle moi... lorsque j'étais enfant.
Pour cette raison sans doute, j'ose exprimer ma plainte à voix haute.
« Pourquoi tant d'obstacles entre mon objectif et moi ? »
L'enfant hausse les épaules et me répond :
« Pourquoi me poses-tu cette question ? Les obstacles n'étaient pas là avant que tu n'arrives...
C'est toi qui les y as mis. »
(JORGE BUCAY)
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