• LE CONTEUR PHILOSOPHE

    DE MICHEL PIQUEMAL

     

     

    À la fin de cette fable, une de nos compagnes demanda : - Maître, qu'est-ce qu'un don véritable?

     

    Les escarpins du cordonnier

     

    Un roi voulait à tout prix marier sa fille, mais celle-ci refusait les beaux partis qu'il lui présentait, car elle aimait en secret un petit cordonnier. Au bout de quelque temps, son père fut à bout de colère. Il l'obligea à se décider avant Pâques, sinon ce serait lui qui choisirait.

    La princesse proposa alors un marché. Elle se marierait avec le prétendant qui lui ferait le plus beau cadeau. Son père fut très étonné. Il ne savait pas sa fille aussi attachée aux choses matérielles, mais il accepta devant toute la cour cette sage décision

    L'annonce fut alors proclamée et tous les prétendants se présentèrent au palais avec des cadeaux plus somptueux les uns que les autres: chevaux chamarrés et empanachés de rubans, rivières de diamants, soies des Indes, verres de Murano, diadèmes incrustés de pierreries, perroquets parlant latin... Bref! Tout ce qu'on peut imaginer de plus luxueux lorsqu'on est prince, archiduc ou marquis. Quant au petit cordonnier, il fut la risée de tous lorsqu'il lui porta de merveilleux escarpins de cuir qu'il avait fabriqués. Pourtant, ce fut lui qu'elle choisit.

    Et le roi eut beau tempêter, la fine mouche lui prouva que seul ce cadeau était recevable, car le cordonnier l'avait fait de ses mains. C'était cela FAIRE un cadeau, et non se contenter de sortir quelques deniers de sa bourse ! Le roi comprit que sa fille l'avait berné, mais, devant toute sa cour réunie, il ne put pas revenir sur sa parole. Alors il oublia sa colère et finit par se féliciter d'avoir mis au monde une enfant aussi pleine de sagesse. Avec un tel caractère, l'avenir de son royaume était assuré !

     


    votre commentaire
  • LE CONTEUR PHILOSOPHE

    DE MICHEL PIQUEMAL

     

     

    De même, je fus frappé par cette fable sur la richesse, dont la morale ne collait pas avec le respect de l'économie que Ton m'avait appris, enfant..

    Savoir donner

     

    Un jeune homme hérita de son père une grosse somme d'argent, mais il avait, comme on dit, les mains percées. Il dilapidait sans compter son héritage, payait à boire aux amis, leur faisait sans cesse des cadeaux, donnait aux pauvres, régalait les enfants de friandises. Son oncle avait beau le sermonner, il n'en tenait pas compte. Finalement, au bout de quelques années, il se retrouva sans ressources. Un sourire amer au coin des lèvres, son oncle vint le trouver. - Je t'avais prévenu. Regarde, tu n'as plus un sou vaillant...

    regrettait rien.

    - Cet argent, je ne l'avais pas gagné. Le sort m'en avait fait cadeau. Je ne suis donc pas en peine de l'avoir donné. Les enfants que j'ai régalés m'ont largement payé de leurs sourires. Savoir des mendiants au chaud et l'écuelle pleine a apaisé mon cœur. Et tous ces amis à qui j'ai fait des cadeaux m'ont enrichi de leur bonheur, de leur tendresse et de  leur amitié.<

    ns-en, de; tes amis ! Où sont-ils désormais pour te rendre tes biens ?

     

    Mais d'un geste, |e jeune homme lui cloua le bec:

    - Je n'ai jamais donné dans l'espoir qu'on me rende. Qu'ils acceptent mes cadeaux était leur plus beau don.

    L'oncle tourna les talons et partit en maugréant. Lui qui n'avait jamais rien donné ne pouvait pas savoir que le don enrichit.

     


    votre commentaire
  • LE CONTEUR PHILOSOPHE DE MICHEL PIQUEMAL

     

    Certains des enseignements de Sophios étaient bien loin de ce qu'on m'avait appris. Je me souviens qu'à la question «N'y a-t-il rien qui puisse surpasser l'amour ?», il répondit d'une manière peu conforme à la tradition :

     

    Le sel du bonheur

     

    À la mort de son mari, une jeune veuve resta seule avec son fils et décida de lui consacrer sa vie. Pour son enfant, elle voulait le bonheur et elle entreprit d'ôter de son chemin tout ce qui pouvait lui créer de la peine et du souci. Mais plus elle le protégeait, l'entourait d'affection, de douceur, de tranquillité, de sécurité, plus l'enfant s'étiolait. Elle lui offrait les plus beaux divertissements... il s'ennuyait encore et toujours, d'une langueur qui semblait maladive. Finalement, tant de dépenses menèrent la jeune veuve à la ruine. Le pécule que lui avait laissé son mari fondit comme neige. Elle dut changer de maison, travaillé... Elle était au désespoir de ne plus pouvoir gâter son fils. Il fallut abandonner les précepteurs privés, afin qu'il se rende à l'école ; là, il se heurta à la cruauté et aux moqueries de certains de ses camarades. La jeune femme tremblait pour ce fils qu'elle aimait trop.

     

    Mais, contrairement à ses craintes, l'enfant retrouva de l'entrain, de la joie, de l'enthousiasme. Il reçut enfin le baptême salé de la vie, avec ses douleurs, ses peurs et ses chagrins, et il put ainsi entrevoir ces portes du bonheur qu'elle lui avait toujours cachées.

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Un compagnon qui aimait poser des questions dérangeantes interpella Sophios ainsi:

    - Maître, qu'est-ce qu'un bon maître ?

    - Qu'est-ce qu'un mauvais élève ? lui répondit Sophios.

     

    Le mauvais élève

     

    Simon avait toujours été mauvais élève. Depuis qu'il était petit, c'était ainsi : il était Simon le mauvais élève ! Lorsqu'il avait un devoir à faire, il était sûr par avance de le rédiger de travers. Lorsqu'on lui posait une question, même s'il connaissait la réponse, il bredouillait, s'affolait, et le maître soupirait. Simon ne ferait jamais rien de bien ! Mais un jour son maître fut malade et remplacé par un jeune stagiaire. En entrant dans la classe, sans trop savoir pourquoi, celui-ci posa une main amicale sur la tête de Simon. L'élève eut alors à cœur de lui faire plaisir, et il s'appliqua du mieux qu'il put sur ses lignes d'écriture. Lorsque le nouveau professeur ramassa les cahiers, il félicita Simon, au grand étonnement de toute la classe. Et durant les jours qui suivirent, Simon n'eut pas la moindre note médiocre. À son retour, le maître fut tout d'abord surpris par les cahiers de Simon, puis il oublia enfin de le regarder comme un mauvais élève. C'est à ce moment-là que Simon commença à faire de vrais progrès.


    votre commentaire
  • Bienvenu chez les cancres

    De Jérôme Duhamel

     

    Quizz Culture Générale

     

    On trouvera dans les pages qui suivent un florilège de questions posées à des enfants de 8 à 11 ans, filles et garçons, sur les sujets les plus divers et variés — ceux qu'on dit «de culture générale», c’est-à-dire qui traitent d'absolument tout et surtout de n'importe quoi... Pour dire la vérité, nous avons été globalement surpris par la pertinence des réponses obtenues — parfois même par leur grande intelligence. Mais ce ne sont bien évidemment pas ces réponses tout à  fait pertinentes que nous avons sélectionnées ici: nous leur avons préférer, bruts de décoffrage, les commentaires les plus ahurissants, Jugements les plus saugrenus, les opinions les plus désopilantes... En c as de réponses multiples à une même question, il va de soi que celle-ci sont dues à plusieurs élèves différents.

     

     « Citer un produit culinaire de Normandie ?

    Le cidre breton

    Le débarquement

    Les vaches qui rient

     

     

    « Qu’est- ce qu’un produit « lacté »

    C’est un produit qui est fabriqué dans la voie lactée. »

    « Qu’est-ce qu’un « hématome » ?

    L’hématome est un délicieux fromage de la montagne. »


     

    « Citer trois noms de bovins.

    Les bovins les plus connus sont : le beaujolais, le blanc et le rosé

     

     « Quel est la racine du mot animal ?

    Je vois bien que là il y a un piège : un animal n’a pas de racine !

     

     

    « Comment nomme-t-on le phénomène qui provoque la sueur ?

    la salutation…

     

     « Faites une phrase avec le futur du  verbe « naître.

    Quand mes enfants naquiront, j’aurais content »

     

     « Quels départements sont arrosés par le Rhône ?

    Les berges

     

    Les côtes du Rhône.

     

     « Quelle chaîne de montagne sépare la France de l’Espagne ?

    une grande chaîne en fer…

     

     « L’activité majeure de la Côte d’Azur est…

    L’accent du midi. »

     

    « Quelle est la principale particularité de la Loire ?

    La Loire est très particulière parce que de l’eau coule dedans… »

     

    « En quel siècle Marco Polo découvrit-il la Chine ?

    En été je crois … »

     

    « Que symbolisent les trois couleurs du drapeaux français ?

     

    Le bleu c’est le ciel, le blanc c’est la neige et le rouge c’est le vin rouge. »


     

    « Il faut rendre à César ce qui est à César : quel sens faut-il donner à cette phrase ?

     

    Mais si on le connait pas, César, comment  qu’on fait ? »

    « Citer trois écrivains célèbres du vingtième siècle

    Titeuf, Harry Potter et Astérix. »

     

     « Que peut être le rôle du philosophe dans la société ?

    Un philosophe, c’est celui qui dit que ça n’a n’est pas un hasard si la vie s’arrête brusquement au moment de la mort.

     

     « Qu’est ce qu’une maladie incurable ?

    C’est la maladie du curé

     

    s’est pas très grave d’avoir une maladie incurable, du moment que l’on guérit…

     

     « Quels sport pratique-t-on couramment l’hiver dans les Alpes ?

    La fondue savoyarde. »

     

     « Qu’est ce qu’un véhicule amphibie ?

    C’est une voiture qui marche à l’eau : jamais besoin d’essence ! »

     

     « Quel est le prénom de Picasso ?

    Citroën…

     

    « Trouver trois synonymes du mot « escalier

    Escalator, Escabeau, Escalope.

     

    « Quand dit-on qu’un journal est quotidien ?

    Quand on peut l’acheter tous les jours une fois par mois.

     

    « Quel est le contraire du mot « pire ?

    Encore plus pire.

     

    (Montréal)


    votre commentaire
  • LE CONTEUR PHILOSOPHE DE MICHEL PIQUEMAL

     

    Un autre demanda :

     

    - Maître, quel est le secret d'une bonne santé ?

     

    - Il n'y a pas de secret, ni de remède miracle, répondit Sophios. Mais je veux bien vous conter la fable suivante...

     

    Les deux cousins

     

    Un paysan vivait heureux avec son bout de champ et ses quelques vaches... jusqu'au jour où son cousin, qui était médecin dans la capitale, vint le visiter. Il lui expliqua toutes les belles choses qu'on avait à la ville et que notre homme ne connaissait pas, tous les produits nouveaux, les inventions extraordinaires. Au début, cela fit rêver notre paysan, mais bien vite il en fut rempli de tristesse. Il se rendit compte qu'il menait dans sa campagne une vie misérable.

     

    Qu'à cela ne tienne! Son cousin, qui n'était pas avare de conseils, lui expliqua comment changer sa vie : il lui suffisait d'emprunter de l'argent (il connaissait d'ailleurs un banquier!), d'acheter de la terre, d'augmenter son troupeau et de gagner plus. C'était simple comme bonjour ! Le paysan se lança dans l'aventure avec enthousiasme. Il travailla sans relâche, ne prenant plus un jour de congé, acheta de nouveaux champs, de nouvelles vaches, des tracteurs, des machines à moissonner. Du matin au soir, il trimait, économisant sou par sou pour rembourser... mais faisant toujours de nouveaux emprunts pour s'agrandir encore, sur les conseils de son cousin.

     

    Lorsqu'il arriva à soixante ans, épuisé par toutes ces années de travail acharné, il alla voir son cousin médecin. Celui-ci lui trouva le cœur bien fatigué et le mit en garde :

     

    - Si tu ne te reposes pas, tu ne feras pas de vieux os ! Écoute mes conseils! Vends ta propriété, ne garde que quelques vaches, un bout de champ et tu vivras comme un roi ! Crois-en le médecin que je suis : une vie simple est la clé d'une bonne santé !

     

    Le paysan sentit la colère le gagner.

     

    -  Mais pourquoi diable ne m'as-tu pas dit cela il y a trente ans? répliqua-t-il. Cela m'aurait économisé bien de la peine?!

                                                (Jardin à Montréal) 

     


    votre commentaire
  • LE CONTEUR PHILOSOPHE 

    DE MICHEL PIQUEMAL 

                             EXTRAITS 

    Le poisson et l’hirondelle

     

    Un petit poisson nageait dans l'océan, lorsqu'il aperçut une hirondelle dans le ciel. Son vol lui parut si harmonieux, l'étendue de l'air si immense qu'il ne rêva plus que de voler Sans cesse, il s'efforçait de s'élever vers la surface de l'eau, mais il ne parvenait pas à décoller. À plusieurs reprises, il faillit même y perdre la vie pour finir dans le gosier d'une mouette. Désespéré, il alla trouver la pieuvre, que l'on disait la plus sage des fonds marins.

     

     - J'ai connu, lui dit la pieuvre, une hirondelle comme toi... Figure-toi qu'elle ne rêvait que de nager au fond de l'océan. Ah, si vous aviez pu faire l'échange!... Mais il est des choses que l'on ne peut changer car elles font partie de notre nature, de notre destinée. Cette hirondelle est donc allée voir le hibou qui est, chez les oiseaux, connu pour sa sagesse. Et le hibou lui a répondu: «Tu ne pourras jamais nager comme un poisson. Mais qui t'empêche, lorsque tu es dans les airs, de t'imaginer virevoltant au fond de l'océan? Cette liberté-là, personne ne pourra te la prendre!» Depuis, l'hirondelle n'a plus cherché à changer sa nature. Par contre, elle zigzague souvent dans les airs en s'imaginant être comme toi au milieu des algues et des rochers... et ce bonheur lui suffit. Ce que peut faire l'hirondelle, tu peux le faire toi aussi. 

     

     

     (La Désirade, Guadeloupe)


    votre commentaire
  •  

    LE CONTEUR PHILOSOPHE DE MICHEL PIQUEMAL

       EXTRAITS

     

    Résumé : Sur une île, vit Sophios, le conteur philosophe. A son école, on pose des questions auxquelles le vieux sage répond toujours pas de malicieuses histoires où il évoque la liberté, le respect des lois, l’amitié, la différence, la destinée, l’écologie.

     

    Imprégnées des cultures du monde, ces fables de Sophios aident tous les curieux à entrer joyeusement en philosophie.

     

    Lorsque je pénétrai pour la première fois dans la salle où Sophios donnait ses enseignements, je fus abasourdi par la façon dont cela

     

    se passait.  L'un des élèves posait une question. Sophios réfléchissait, puis répondait par une fable que tous commentaient.

     

    Le premier jour, par exemple, je m'en souviens parfaitement,

     

    un élève demanda:

    - Maître, on dit souvent qu'on est à soi-même son propre ennemi. Pouvez-vous nous en donner une illustration ?

    Sophios ferma quelques instant les yeux, puis se mit à conter:

     

    Une mauvaise conseillère

     

    Un jour que l'aigle était en chasse, le renard se glissa jusqu'à son nid et en dévora les œufs. Mais avant de partir, le rusé prit bien soin de parsemer le bord du nid de bouts de laine trouvés dans les buissons. Lorsque l'aigle rentra, sa colère n'eut pas de limite. On avait dévoré ses petits. Le mouton, car ce ne pouvait être que lui (la laine au bord du nid l'accusait!), avait osé commettre le pire des forfaits. Ivre de vengeance, l'aigle s'élança de son aire avec l'intention de se saisir des plus jeunes agneaux pour les précipiter dans un ravin. Mais au moment où il piquait vers le village, le brouillard se. leva, un brouillard épais comme de la poix... et il dut remettre son projet au lendemain.

     

    De retour dans son nid, la colère fit place à la réflexion. Comment le mouton avait-il pu grimper si haut et faire preuve de pareille audace? Et qui avait jamais entendu parler de moutons gobant des œufs? Il examina les alentours et ne trouva pas trace de sabots. Par contre, les empreintes du renard étaient parfaitement visibles sur la terre mouillée. L'aigle comprit alors la supercherie, bien digne du renard. Il comprit aussi combien la colère l'avait aveuglé. Il bénit le brouillard bien venu. À l'avenir, il réfléchirait mieux avant d'agir !

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique