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Par renal le 18 Janvier 2013 à 07:24
Au temps béni de mon enfance
Au temps béni de mon enfance,
Je m’endormais, tranquille et sage,
Comme un livre d’images.
Dont ma mère tournait les pages.
Et les animaux, pour me suivre
Dans mes rêves, sortaient du livre.
Parfois, la nuit, ils m’emmenaient
Dans des pays si frais, si bleus
Que, l’lorsque je me réveillais,
Surpris de voir ma mère
Me souriant dans la lumière
Naïf, je lui disais :
« Je suis allé chez le bon Dieu ».
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 13 Janvier 2013 à 11:27
Il m’arrivait d’avoir si peur…
Il m’arrivait d’avoir si peur
Lorsque la pluie, durant des heures,
Flagellait les branches de houx,
Que ma mère, dans sa candeur,
Abandonnait son dur labeur
Et me prenait sur ses genoux.
Elle connaissait tant d’histoires
De mages couronnés d’abeilles,
D’enfants volant dans leur sommeil
Que, sur les vitres presque noires,
Il me semble quelquefois voir
Monter de l’ombre, le soleil.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 12 Janvier 2013 à 17:44
Va mon âme
Va, mon âme, prends ta chandelle.
Tu la rencontreras, ma mère,
Marchant, humble comme naguère,
Dans l’avenue des Acacias.
Toi qui vois ce que nul ne voit,
Mon âme, tu me conteras
D’où elle vient, où elle va,
Et si son sourire est toujours
Celui-là qu’elle avait pour moi
Quand je lui parlais à mi-voix
Du bol de lait qui, sur la table,
Me faisait trouver ineffable
L’image même du destin
Inscrit aux lignes de mes mains.
Maurice Carême (extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 3 Janvier 2013 à 13:46
Au creux de l’ombre
Pour épargner l’huile et la mèche,
On n’allumait jamais la lampe
Avant que le soir, bien à l’aise
Se fût installé dans la chambre.
Le buffet était le premier
A entrer sans façon dans l’ombre
Qui allait faire ressembler
La cuisine à un autre monde.
Puis c’était la table où les bols
De lait mettaient une pâleur
Etrange et pleine de douceur
Où semblaient passer des lucioles ;
Par les fentes de son couvercle,
Le poêle, comme un magicien,
Faisait naître partout des cercles
Scintillants et mourant sans fin.
De ma mère, je ne voyais
Plus que les mains continuant
Malgré l’obscurité croissant
A faire ce qu’elle devait.
Et, tranquille, je restais là
Si bien caché au creux de l’ombre
Que l’on aurait pu me confondre
Avec tout ce qui était là.
Maurice Carême
(Extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 31 Décembre 2012 à 09:30
SOIR D'AUTOMNE
Que de choses restaient à faire
Lorsque venaient les feuilles mortes !
S'asseoir sur le seuil de la porte
Était défendu à ma mère.
Mais il arrivait que l'automne
Fasse ressembler notre rue,
Distillant sa lumière jaune,
À une étonnante cornue.
Ma mère aimait cette atmosphère
De soir tombant dans la rue calme
Où l'on sentait que les étoiles
Ne demandaient plus qu'à paraître.
Assis par terre, tout près d'elle,
La tête contre son genou, Je regardais rosir le ciel
Que désertaient les hirondelles.
Et j'écoutais battre mon cœur
Comme devait battre le sien
Comblé d'un étrange bonheur
Qui ne tenait à presque rien.
Maurice Carême (extrait de souvenir)
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Par renal le 28 Décembre 2012 à 10:45
Les jours où ma mère …
Les jours où ma mère était lasse,
Elle me disait quelquefois :
« N’aurais-je été qu’une eau qui passe
Sans se douter où elle va ? »
Et, me voyant tout interdit,
Elle déclarait aussitôt :
« Personne ne dit que cette eau
Ne mène pas au paradis ».
Elle reprenait le balai
Pour faire, avec du sable blanc,
De belles courbes qui tournaient
Sur le carreau lavé de frais.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 27 Décembre 2012 à 16:57
La douce lumière
Reste ici bien au chaud,
Me redisait ma mère.
Une douce lumière
Descendait des carreaux
Faisant luire les verres
Et l’acier des couteaux.
La neige, dans la cour,
Apeurait les tarins
Qui se disputaient pour
Quelques miettes de pain.
Alors, sur mes genoux,
Je déposais mon livre.
Il faisait si bon vivre
Chez nous au coin du feu !
Et les yeux de ma mère
Me paraissaient si beaux
Que j’oubliais la terre
Et les fées de Perrault
Pour la douce lumière
Qui tombait des carreaux.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 26 Décembre 2012 à 09:05
Aux fenêtres du temps
Aux fenêtres du temps,
J’ai regardé le monde.
Je me suis vu, enfant,
Jouant tout seul dans l’ombre.
Que faisais-je, riant
Dans les herbes profondes ?
Aux fenêtres du temps
S’enfuyait les colombes.
Je me voyais parlant
Comme l’on parle en songe
Dressé sur le ciel sombre
Ainsi qu’un rosier blanc
Aux fenêtres du temps.
Maurice Carême
(Extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 24 Décembre 2012 à 08:57
L’enfant des bonheurs sans raison
Je voudrais ne laisser de moi
Que l’image de cet enfant
Qui regardait durant des heures
Sur les plumes d’or des faisans,
Enfant aux lanternes magiques
Qui faisaient naître sur les murs
Des arabesques de verdures
Et de beaux visages bibliques,
Enfant du vent aux hirondelles,
Du pain frais qui sentait si bon,
Des jeux repris à la chandelle,
Enfant des bonheurs sans raison
Qui croyait sa mère éternelle.
Maurice Carême
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Par renal le 21 Décembre 2012 à 07:48
Les hauts peupliers
Mon père aimait les chênes ;
Ma mère les sorbiers,
Moi, j’aimais les fontaines
Et les hauts peupliers.
De ma chambre d’enfant,
Je les voyais jouer
Comme des lévriers
Avec le chat du vent.
Leurs jeux, dans le soleil,
Jetaient sur mon cahier
Des ombres mordorées
Et des morceaux de ciel.
Ce qu’ils devenaient calmes
Lorsque tombait le soir !
Sur leurs branches étales,
Ils prenaient des étoiles.
Et tout en les berçant,
Me berçais si longtemps
Qu’à mon tour, en rêvant,
Je me voyais, jouant,
Etoile dans le vent.
Maurice Carême
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Par renal le 13 Décembre 2012 à 09:35
Noël blanc
C’est un Noël tout blanc
De neige et de légende.
C’est un Noël tout blanc
Comme dans les « Warlandes »
Il y a soixante ans.
Une musique étrange
Dans les hauts peupliers,
Une musique étrange
Semble un moment planer
Avec des ailes d’ange.
Un vague clairon sonne,
Une étoile paraît.
Un vague clairon sonne,
Mais il n’y a personne
Que la nuit désormais.
Maurice Carême
(Extrait de « Souvenir »)
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Par renal le 1 Décembre 2012 à 08:58
Décembre
Décembre, avec vos trois rois mages,
Votre crèche en papier doré
Et vos sapins émerveillés,
Dites, seriez-vous cette étoile
Si perdue qu’on a peine à croire
Que c’est du plus obscur de l’ombre
Que Jésus, tout nu, bleu de froid,
S’est un jour levé sur le monde
Avec le soleil dans les bras ?
Maurice Carême
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Par renal le 12 Septembre 2012 à 08:36
A force de tout partager
A force de tout partager,
Même le meilleur de mon cœur,
D’avoir une âme de verger
Débordant d’oiseaux et de fleurs.
De dessiner autour de moi
Un immense horizon de joie,
D’aimer la vie mieux qu’une sœur.
Je suis comme un ciel étonné
De se trouver, le soir, d’étoiles
Qu’il n’avait jamais soupçonnées.
Maurice Carême
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Par renal le 28 Août 2012 à 09:34
Charité
Dans ma blanche maison, j’ai songé bien des fois
À un monde plus généreux qu’une corbeille
Pleine de noix dorées, de raisins et de pêches
Où chacun puiserait pour l’autre de la joie
Où le pain quotidien luirait comme un soleil.
Et il faudrait si peu pour que ce monde naisse :
Une nappe fleurie de bleuets sur la table,
Des mains d’hommes unies sous la paix des érables.
Maurice Carême
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Par renal le 15 Août 2012 à 22:31
L’enfant qui chante
C’est un enfant qui chante
Tout seul sur la grande route,
Et sa chanson l’enchante
Et la route l’écoute.
Tout seul dans le grand jour,
C’est un enfant qui chante
Une chanson fervente
Qui invente son amour.
C’est un enfant qui chante
En écoutant son cœur
Qui chante et s’enchante
Sans fin de son bonheur.
C’est un enfant perdu
Dans sa chanson trop grande,
Un enfant éperdu,
Un enfant de légende.
Maurice Carême
Martinique (Bougainvillier)
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