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Par renal le 21 Mai 2012 à 07:50
Les petits souliers
Par le chemin des écoliers
S'en allaient deux petits souliers,
Deux petits souliers seuls au monde
S'en allaient par la terre ronde,
S'en allaient, les semelles molles,
À regret, loin de leur école,
S'en allaient chez le cordonnier
Où l'on voit grandir les souliers,
Où l'on voit souliers d'écoliers
Devenir souliers d'ouvriers
Et parfois, avec de la chance,
Devenir souliers de finance,
Et souvent, avec de l'étude
Devenir souliers de grand luxe,
Et toujours, avec de l'amour,
Devenir souliers de velours.
Maurice Carême
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Par renal le 18 Mai 2012 à 20:55
Ton poème
Ton poème, m’a dit l’enfant,
J’en ferai un petit bateau,
Et il ira si loin sur l’eau
En bavardant avec les vents,
Il contournera tant d’îlots
Qu’il rencontrera le cobra
Qui joue de la flûte d’ébène
Pour faire danser les rajas
Dont tu parles dans ton poème.
Maurice Carême
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Par renal le 16 Mai 2012 à 13:27
L’oiseau de clarté
"Avec un morceau de journal,
Leur dit cet enfant peu banal,
Je fais un oiseau de clarté."
Il l'enferma dans une cage.
"Vous verrez, lorsque je crierai
Simplement le mot : liberté !
Mon oiseau blanc va s'envoler."
Les gens riaient un peu gênés
De crainte de le détromper.
Mais il fallut voir leurs visages
Lorsque l'enfant ouvrit la cage.
Maurice Carême
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Par renal le 16 Avril 2012 à 09:37
Le temps des vacances
C'est le temps béni des vacances.
Le vent fait des nœuds d'hirondelles.
Le jour est rond comme une amande.
Tout le village sent le miel.
Le soleil a pendu sa lampe
Juste au-dessus des vaches blanches
Étonnées de n'avoir plus d'ombre,
Mais les prairies qui, près du bois,
Tremblent doucement sous leur poids
N'ont jamais été si profondes.
Maurice Carême
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Par renal le 21 Février 2012 à 19:21
« Les oiseaux perdus
Le matin compte ses oiseaux
Et ne retrouve pas son compte.
Il manque aujourd’hui trois moineaux,
Un pinson et quatre colombes.
Ils ont volé si haut, la nuit
Volé si haut, les étourdis,
Qu’à l’aube, ils n’ont pas trouvé trace
De notre terre dans l’espace.
Pourvu qu’une étoile filante
Les prenne sur sa queue brillante
Et les ramène ! il fait si doux
Quand les oiseaux chantent pour nous.
Maurice Carême
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Par renal le 18 Février 2012 à 20:43
L’homme et l’enfant
Ce n’est qu’un homme et un petit enfant
Dans une allée d’automne,
Un homme et un enfant s’en allant, souriant,
Sous une pluie de feuilles jaunes.
Ils ne disent rien. L’enfant regarde
L’homme qui lui sourit
Et ils s’en vont, main dans la main, sous les grands arbres
Vers un toit qui reluit.
Sur les arbres montrant obstinément leurs nids,
Le ciel se dore comme un fruit.
Ce n’est qu’un homme et un petit enfant,
Et l’on dirait que, tout joyeux, l’automne
Marche devant eux en semant
Du soleil et des feuilles jaunes.
Maurice Carême
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Par renal le 17 Février 2012 à 19:42
Le petit chat noir
Mon petit chat est noir,
Noir comme du charbon.
On le croit sale, eh non !
Il est né noir, tout noir
De la queue au menton.
Mais eût-il noirceur
D’un méchant diablotin,
Rien ne vaut sa douceur
Quand il miaule, au matin,
Pour me lécher la main.
Maurice Carême
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Par renal le 17 Février 2012 à 07:59
Pour toi papa
J’écris le mot agneau
Et tout devient frisé :
La feuille du bouleau,
La lumière des prés.
J’écris le mot étang
Et mes lèvres se mouillent
J’entends une grenouille
Rire au milieu des champs.
J’écris le mot forêt
Et le vent devient branche.
Un écureuil se penche
Et me parle en secret
Mais si, j’écris papa,
Tout me devient caresse,
Et le monde me berce
En chantant dans ses bras
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Par renal le 14 Février 2012 à 22:53
Les choses
Les choses, disait-il, sont simples
D’ailleurs, on ne voit pas comment
Elles pourraient être autrement.
La pomme est rouge ; le bol, blanc
Le couteau coupe les tartines
Sur la table de la cuisine.
Vienne le jour où l’on pourra
Parler tout simplement de l’homme
Comme l’on parle d’une pomme
Luisant sur la table de hêtre
Quelle paix enfin sur la terre !
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Par renal le 10 Février 2012 à 13:01
Devinettes populaires
Qu'est-ce qui ne fait pas d'ombre ?
L'écho de la cloche ronde.
Qui, sans peur, touche une abeille ?
La main dorée du soleil.
-Qui parle sans qu'on le voie ?
Le vent qui joue dans le bois.
-Qui marche toujours sans peine ?
La lanterne qu'on promène.
- Qui ne coud pas pour ses filles ?
La vaillante et fine aiguille.
-Qui passe et qu'on n'entend pas ?
Le temps qui fuit à grands pas.
-Qui n'a pas besoin d'échelle ?
La fumée qui monte au ciel.
-Qui jamais, jamais ne ment?
Le petit doigt de maman.
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Par renal le 9 Février 2012 à 07:50
Ne criez pas si fort
Ne criez pas si fort,
On n’entend plus que vous,
Cerisiers qui partout
Faites fleurir l’aurore.
Laissez donc les coucous
Compter les pièces d’or.
Ne criez pas si fort,
On n’entend plus que vous
Même le vieux hibou,
Qui d’ordinaire dort
En haut du sycomore,
Vous croit devenus fous.
Cerisiers, taisez-vous !
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Par renal le 7 Février 2012 à 07:44
Rien que ce mur…
Rien que ce mur et ce chemin
Et, autour de moi, un matin
Qui a l’odeur dorée du pain.
L’ombre d’un oiseau sur le mur,
L’écho d’un pas sur le chemin.
Douceurs faites de petits riens,
De mots caressants dont je doute.
Dans ce calme et tendre matin,
Rien que ce mur et ce chemin
(Maurice Carême)
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Par renal le 5 Février 2012 à 15:57Le Tremblay sur Mauldre
Comme il fait blanc
Comme il fait beau, comme il fait blanc !
Il a neigé.
Sur les jardins et sur les bancs,
Il y a des milliers de moutons.
Ils ont brouté
Tout l’horizon.
Le ciel est tombé sur les champs.
Comme il fait blanc, comme il fait beau !
Mais où vont venir se poser
Les oiseaux qui tournent là-haut ?
On ne distingue même plus
Un fossé d’un arbre abattu.
Maurice Carême
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Par renal le 5 Février 2012 à 15:49
Je suis content
Vienne la pluie, vienne le vent,
Qu’importe ! Moi je suis content !
Content d’être toujours content
De bon temps et du mauvais temps.
Content de vivre simplement
De me dire conne un enfant :
« Mon Dieu ! Comme je suis content !
Sans savoir pourquoi maintenant
Je le répète si souvent
Maurice Carême
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Par renal le 4 Février 2012 à 09:11
Je suis seul
Pourquoi suis-je si seul, mon chat,
Si seul lorsque tu n'es pas là ?
Tu ne fais pourtant aucun bruit.
Tu dors, fermé comme la nuit.
Tu ne tiens guère plus de place
Que mon plus gros livre de classe.
Et qui croirait que tu respires
Bercé comme un petit navire ?
Alors pourquoi, pourquoi, mon chat,
Suis-je tout autre quand je vois,
Sur mon papier blanc, le soleil
Tailler l'ombre de tes oreilles ?
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