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Par renal le 10 Avril 2013 à 09:49
SUR LE CIEL ÉCARLATE
Oui, les maisons étaient trop vieilles ;
Les escaliers, trop hauts,
Mais nous avions dans les oreilles
Mille chansons d'oiseaux.
Oui, les chemins étaient trop longs
Et criblés de poussière,
Mais, devant nous, les horizons
Frissonnaient de lumière.
Oui, nos souliers étaient trop lourds
Nos besaces, trop plates,
Mais nous voyions au loin les tours
Briller ainsi que des visages
Sur le ciel écarlate.
Maurice Carême (extrait de souvenir)
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Par renal le 9 Avril 2013 à 09:49
Le chat noir
Qu’il est plaisant d’être chat noir
A l’ombre bleue des angéliques
Et d’écouter sans le vouloir
Les airs de flûtes des moustiques !
Loin des écoles, des devoirs,
Des problèmes philosophiques,
Qu’il est plaisant d’être chat noir
A l’ombre bleue des angéliques !
Ô les paresses idylliques,
Les songes pleins de nonchaloir
Au touffu d’un jardin magique
Dont le vent silence est savoir !
Qu’il est plaisant d’être chat noir !
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
Photo Nature et poèsie
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Par renal le 8 Avril 2013 à 09:26
La mort de Youppi
Âme glissante de mon chat
Qui vient rôder dans le sentier
A l’ombre rouge des rosiers,
Que puis-je faire pour toi ?
N’entendrais-tu pas la fauvette
Très doucement te répéter
Qu’au tendre paradis des bêtes
Tes méfaits seront pardonnés ?
Tu dormiras dans un panier
Tressé de laine de nuages
A côté du grand lévrier
Dont tu craignais les bonds sauvages.
Tu n’éprouveras plus qu’amour
Pour les angelotes souris
Qui te crieront : « Youppi, bonjour ! »
Dans le bleu éternel des nuits.
Tu joueras sur de hautes branches
Transparentes de feux lunaires
Dont les fruits ont meilleure chair
Que blanc poulet de tes dimanches.
Et la bonne Vierge Marie,
Mettant les mains en gobelet,
Te tendra l’ineffable lait
De ses célestes bergeries.
Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)
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Par renal le 4 Avril 2013 à 09:33
Mon petit chat
J’ai un petit chat,
Petit comme ça.
Je l’appelle Orange.
Je ne sais pourquoi
Jamais il ne mange
Ni souris ni rat.
C’est un chat étrange
Aimant le nougat
Et le chocolat.
Mais c’est pour cela,
Dit tante Solange,
Qu’il ne grandit pas !
Maurice Carême (extrait du livre : « 25 chats de Maurice Carême)
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Par renal le 25 Mars 2013 à 09:20
SUR LE CIEL ÉCARLATE
Oui, les maisons étaient trop vieilles ;
Les escaliers, trop hauts,
Mais nous avions dans les oreilles
Mille chansons d'oiseaux.
Oui, les chemins étaient trop longs
Et criblés de poussière,
Mais, devant nous, les horizons
Frissonnaient de lumière.
Oui, nos souliers étaient trop lourds
Nos besaces, trop plates,
Mais nous voyions au loin les tours
Briller ainsi que des visages
Sur le ciel écarlate.
Maurice Carême (extrait de souvenir)
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Par renal le 21 Mars 2013 à 09:59
JE SAVAIS QU'UN CHÂTEAU...
Je me souviens d'un pont lentement traversé
Par un ruisseau bordé d'un rang de peupliers.
Je savais qu'un château aux grilles armoriées
Se cachait quelque part près de l'orée du bois.
Une grive chantait que je ne voyais pas.
J'entends toujours tourner au milieu des abeilles
Les feuilles des grands peupliers tellement jaunes
Qu'elles semblaient se poser sur les eaux, pareilles
À des lampes pendues à de longs fils de miel.
Je me souviens... J'avais encor le cœur battant
D'avoir parlé de Dieu comme on en parle, enfant,
Avec l'ami qu'on s'est choisi pour confident.
Sur la rive, à mes pieds, les dernières linaires
Hissaient leur petit sceptre en or dans la lumière
Maurice Carême (extrait de souvenir)
Photo Renal
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Par renal le 17 Mars 2013 à 10:14
Etait-ce bien la même neige ?
Etait-ce bien la même neige
Qui tombait quand j’étais enfant ?
La neige était alors si belle
Que je n’osais marcher dedans.
Sur tous les toits, riaient les anges.
Les oiseaux, le long des sentiers
Qu’ils n’avaient pourtant qu’effleurés,
Laissaient des étoiles étranges.
Les groseilliers de mon jardin
Me paraissaient des moutons blancs ;
Les meules de paille ou de foin
De majestueux éléphants.
Et, sur le coteau aussi nu,
Aussi nivelé qu’un glacis,
Je n’étais même pas surpris
D’apercevoir soudain Jésus
S’avancer les deux mains tendues.
Maurice Carême
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Par renal le 15 Mars 2013 à 09:14
La rue qui t’a vu naître
Malgré ses murs bas et ternis,
L’étroite rue qui t’a vu naître
Te fut toujours une fenêtre
Large ouverte sur l’infini.
Les matinées étaient si belles
Que, jaillissant partout des bois,
Des oiseaux au cœur de leurs ailes
Se suspendaient au bord des toits.
La campagne allégée de pies
Passait entre les contrevents.
Tu entendais rire le temps
Dans les horloges assoupies
Personne ne savait plus bien
Où commençait l’humble cuisine
Ni où finissait le jardin.
Ils étaient cousin et cousine.
Et l’on eût juré que le ciel,
A midi, n’avait qu’à étendre
Sa longue nappe d’un bleu tendre
Pour rendre la table éternelle.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 22 Février 2013 à 07:39
Il arrivait parfois ….
Il arrivait parfois que ma mère,
Après avoir coupé le pain
Et mis sur la table les verres
Sa cachât les yeux dans les mains.
D’abord, nous ne remarquions rien,
Mais brusquement, entre les doigts,
Une larme coulait à terre,
Et nous nous regardions, pantois.
Personne n’osait parler.
Et, surprise par le silence
Que semblait répandre la lampe,
Ma mère, comme réveillée
D’un étrange songe intérieur,
Baissait les mains et, souriant
De nous voir émus, balbutiait :
« Oh ! Ce n’est rien », sans que jamais
Nous n’ayons su si c’était vrai.
Maurice Carême
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Par renal le 16 Février 2013 à 09:48
Comme deux écoliers
Comme deux écoliers traînant sur le chemin,
Nous traversions les blés, nous tenant par la main.
Le ciel nous dépêchait son courrier de nuages,
Les bluets nous faisaient les yeux doux au passage.
Nous étions que printemps, soleil et vent de brise.
Les coteaux, devant nous, s’ouvraient comme une église
Les bois étaient plus bleus que des traînées de lune ;
Les moissons, plus dorées que des feux sur l’enclume.
Où allions-nous ? Il y a si longtemps déjà
Que le passé lui-même ne s’en souvient pas.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 14 Février 2013 à 09:30
Je parlais
Je parlais aux oiseaux
Surtout aux pigeons de mon père.
Ils me laissaient, et sans manière,
Caresser leurs petits tout chauds.
Je parlais aux grands marronniers
Qui montaient l’avenue.
Ils m’offraient, la saison venue,
Leurs marrons bien emmitouflés,
A toutes les choses aussi
Qui me semblaient si bonnes
Et qui n’en voulaient à personne
D’être oubliées et sans amis,
A ma mère œuvrant dans la cour.
En ce temps-là, n’étais-je sûr
Qu’elle me répondrait toujours.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 10 Février 2013 à 09:00
Le repas du soir
« Quand pourrais-je m’asseoir,
Soupirait très lasse, ma mère.
Voici déjà le soir,
Et tout le repas reste à faire ! »
Je me dépêchais pour l’aider,
Je pelais les pommes de terre,
Les lavais dans l’évier,
Disposais les couverts.
Dés que la lampe sur la nappe
Traçait son cercle lumineux,
Je tirais près du feu
Une chaise, tendais le plat
De laitue à ma mère,
Puis, la regardant dans les yeux :
« Maintenant, lui disais-je,
Tu peux t’asseoir un peu. »
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
photo renal
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Par renal le 28 Janvier 2013 à 18:12
Le brouillard du matin
« Regarde, me disait ma mère,
Le ciel vient d’engloutir la terre. »
Dans le matin,
Pareil à un gouffre béant,
Il n’y avait plus de jardin
Rien que du blanc.
Tout semblait s’être évanoui
Sauf moi qui regardais, surpris
Le front appuyé au carreau.
Je tardais à venir à table
Où refroidissait mon café
Je m’attendais à un miracle…
« Si tu continues de rêver,
S’impatientait, soudain ma mère,
Le brouillard pourrait t’avaler
Bien mieux encore que la terre. »
Et docile, j’obéissais.
Ma mère disait toujours vrai.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 27 Janvier 2013 à 09:57
La lampe
Tu faisais briller tes couteaux,
J’écrivais, patient, mon devoir.
Nous avions plaisir à nous voir
Travailler sans nous dire un mot.
Le soir, quand je levais les yeux,
C’est dans le cercle que la lampe
Dessinait sur la nappe bleue
Que mes yeux rencontraient tes yeux.
Maintenant que n’es plus là
Et que je regarde la lampe,
C’est elle qui me parle bas.
Et c’est, ma mère, le silence
Qui lui répond, avec la voix
Que tu avais, alors, pour moi
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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Par renal le 23 Janvier 2013 à 09:49
Au cœur du silence
La plaine était immense
Et immense, les bois,
J’y passais mes vacances
Comme sur un trois-mâts.
Dans la hune des branches,
J’abordais quelque fois
Au cœur bleu du silence.
Et je demeurais là
Au milieu des mésanges
Qui retenaient leur voix
Sans comprendre pourquoi
J’étais si malhabile
A lire l’évangile
D’un humble bout de bois.
Maurice Carême extrait de « Souvenirs »
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