• SUR LE CIEL ÉCARLATE

    Oui, les maisons étaient trop vieilles ;

    Les escaliers, trop hauts,

    Mais nous avions dans les oreilles

    Mille chansons d'oiseaux.

     

    Oui, les chemins étaient trop longs

    Et criblés de poussière,

    Mais, devant nous, les horizons

    Frissonnaient de lumière.

     

    Oui, nos souliers étaient trop lourds

    Nos besaces, trop plates,

    Mais nous voyions au loin les tours

    Briller ainsi que des visages

    Sur le ciel écarlate.

     

    Maurice Carême (extrait de souvenir)

    Merci Merci154

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  • Le chat noir

     

    Qu’il est plaisant d’être chat noir

    A l’ombre bleue des angéliques

    Et d’écouter sans le vouloir

    Les airs de flûtes des moustiques !

     

    Loin des écoles, des devoirs,

    Des problèmes philosophiques,

    Qu’il est plaisant d’être chat noir

    A l’ombre bleue des angéliques !

     

    Ô les paresses idylliques,

    Les songes pleins de nonchaloir

    Au touffu d’un jardin magique

    Dont le vent silence est savoir !

    Qu’il est plaisant d’être chat noir !

     

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

     

    COLLECTION CHATS
     
    Photo Nature et poèsie

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  •  

    La mort de Youppi

    Âme glissante de mon chat

    Qui vient rôder dans le sentier

    A l’ombre rouge des rosiers,

    Que puis-je faire pour toi ?

     

    N’entendrais-tu pas la fauvette

    Très doucement te répéter

    Qu’au tendre paradis des bêtes

    Tes méfaits seront pardonnés ?

     

    Tu dormiras dans un panier

    Tressé de laine de nuages

    A côté du grand lévrier

    Dont tu craignais les bonds sauvages.

     

    Tu n’éprouveras plus qu’amour

    Pour les angelotes  souris

    Qui te crieront : « Youppi, bonjour ! »

    Dans le bleu éternel des nuits.

     

    Tu joueras sur de hautes branches

    Transparentes de feux lunaires

    Dont les fruits ont meilleure chair

    Que blanc poulet de tes dimanches.

     

    Et la bonne Vierge Marie,

    Mettant les mains en gobelet,

    Te tendra l’ineffable lait

    De ses célestes bergeries.

    Maurice Carême (extrait des « 25 chats de Maurice Carême)

     

    Cats3

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  • Mon petit chat

    J’ai un petit chat,

    Petit comme ça.

    Je l’appelle Orange.

     

    Je ne sais pourquoi

    Jamais il ne mange

    Ni souris ni rat.

     

    C’est un chat étrange

    Aimant le nougat

    Et le chocolat.

     

    Mais c’est pour cela,

    Dit tante Solange,

    Qu’il ne grandit pas !

     

    Maurice Carême (extrait du livre : « 25 chats de Maurice Carême)

     

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  • SUR LE CIEL ÉCARLATE

     

    Oui, les maisons étaient trop vieilles ;

    Les escaliers, trop hauts,

    Mais nous avions dans les oreilles

    Mille chansons d'oiseaux.

     

    Oui, les chemins étaient trop longs

    Et criblés de poussière,

    Mais, devant nous, les horizons

    Frissonnaient de lumière.

     

    Oui, nos souliers étaient trop lourds

    Nos besaces, trop plates,

    Mais nous voyions au loin les tours

    Briller ainsi que des visages

    Sur le ciel écarlate.

     

    Maurice Carême (extrait de souvenir)

    Poemes de maurice carême : Lassitude


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  • JE SAVAIS QU'UN CHÂTEAU...

     

    Je me souviens d'un pont lentement traversé

    Par un ruisseau bordé d'un rang de peupliers.

    Je savais qu'un château aux grilles armoriées

    Se cachait quelque part près de l'orée du bois.

    Une grive chantait que je ne voyais pas.

    J'entends toujours tourner au milieu des abeilles

    Les feuilles des grands peupliers tellement jaunes

    Qu'elles semblaient se poser sur les eaux, pareilles

    À des lampes pendues à de longs fils de miel.

    Je me souviens... J'avais encor le cœur battant

    D'avoir parlé de Dieu comme on en parle, enfant,

    Avec l'ami qu'on s'est choisi pour confident.

    Sur la rive, à mes pieds, les dernières linaires

    Hissaient leur petit sceptre en or dans la lumière

      

    Maurice Carême (extrait de souvenir)

    Château d'Azay-le-Rideau (12)
     
    Photo Renal

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  • Etait-ce bien la même neige ?

     

    Etait-ce bien la même neige

    Qui tombait quand j’étais enfant ?

    La neige était alors si belle

    Que je n’osais marcher dedans.

     

    Sur tous les toits, riaient les anges.

    Les oiseaux, le long des sentiers

    Qu’ils n’avaient pourtant qu’effleurés,

    Laissaient des étoiles étranges.

     

    Les groseilliers de mon jardin

    Me paraissaient des moutons blancs ;

    Les meules de paille ou de foin

    De majestueux éléphants.

     

    Et, sur le coteau aussi nu,

    Aussi nivelé qu’un glacis,

    Je n’étais même pas surpris

    D’apercevoir soudain Jésus

    S’avancer les deux mains tendues.

     

    Maurice Carême

    CIMG6222

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  • La rue qui t’a vu naître

     

    Malgré ses murs bas et ternis,

    L’étroite rue qui t’a vu naître

    Te fut toujours une fenêtre

    Large ouverte sur l’infini.

     

    Les matinées étaient si belles

    Que, jaillissant partout des bois,

    Des oiseaux au cœur de leurs ailes

    Se suspendaient au bord des toits.

     

    La campagne allégée de pies

    Passait entre les contrevents.

    Tu entendais rire le temps

    Dans les horloges assoupies

     

    Personne ne savait plus bien

    Où commençait l’humble cuisine

    Ni où finissait le jardin.

    Ils étaient cousin et cousine.    

    Et  l’on eût juré que le ciel,

    A midi, n’avait qu’à étendre

    Sa longue nappe d’un bleu tendre

    Pour rendre la table éternelle.

              Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »        

    .
    douceur12095

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  • Il arrivait parfois ….

     

    Il arrivait parfois que ma mère,

    Après avoir coupé le pain

    Et mis sur la table les verres

    Sa cachât les yeux dans les mains.

     

    D’abord, nous ne remarquions rien,

    Mais brusquement, entre les doigts,

    Une larme coulait à terre,

    Et nous nous regardions, pantois.

     

    Personne n’osait parler.

    Et, surprise par le silence

    Que semblait répandre la lampe,

    Ma mère, comme réveillée

     

    D’un étrange songe intérieur,

    Baissait les mains et, souriant

    De nous voir émus, balbutiait :

    « Oh ! Ce n’est rien », sans que jamais

    Nous n’ayons su si c’était vrai.

     

    Maurice Carême 

    DSCN0174

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  • Comme deux écoliers

     

    Comme deux écoliers traînant sur le chemin,

    Nous traversions les blés, nous tenant par la main.

     

    Le ciel nous dépêchait son courrier de nuages,

    Les bluets nous faisaient les yeux doux au passage.     

     

    Nous étions que printemps, soleil et vent de brise.

    Les coteaux, devant nous, s’ouvraient comme une église

     

    Les bois étaient plus bleus que des traînées de lune ;

    Les moissons, plus dorées que des feux sur l’enclume.

     

    Où allions-nous ? Il y a si longtemps déjà

    Que le passé lui-même ne s’en souvient pas.

     

        Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »     

     

    DSCF0275

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  • Je parlais

     

    Je  parlais aux oiseaux

    Surtout aux pigeons de mon père.

    Ils me laissaient, et sans manière,

    Caresser leurs petits tout chauds.

     

    Je parlais aux grands marronniers

    Qui montaient l’avenue.

    Ils m’offraient, la saison venue,

    Leurs marrons bien emmitouflés,

     

    A toutes les choses aussi

    Qui me semblaient si bonnes

    Et qui n’en voulaient à personne

     

    D’être oubliées et sans amis,

    A ma mère œuvrant dans la cour.

    En ce temps-là, n’étais-je sûr

    Qu’elle me répondrait toujours.

     

    Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »

     

    rose065

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  • Le repas du soir

     

    « Quand pourrais-je m’asseoir,

    Soupirait très lasse, ma mère.

    Voici déjà le soir,

    Et tout le repas reste à faire ! »

     

    Je me dépêchais pour l’aider,

    Je pelais les pommes de terre,

    Les lavais dans l’évier,

    Disposais les couverts.

     

    Dés que la lampe sur la nappe

    Traçait son cercle lumineux,

    Je tirais près du feu

    Une chaise, tendais le plat

     

    De laitue à ma mère,

    Puis, la regardant dans les yeux :

    « Maintenant, lui disais-je,

    Tu peux t’asseoir un peu. »

     

    Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »

    DSCN0160
     
    photo renal

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  • Le brouillard du matin

     

    « Regarde, me disait ma mère,

    Le ciel vient d’engloutir la terre. »

    Dans le matin,

    Pareil à un gouffre béant,

    Il n’y avait plus de jardin

    Rien que du blanc.

    Tout semblait s’être évanoui

    Sauf moi qui regardais, surpris

    Le front appuyé au carreau.

    Je tardais à venir à table

    Où refroidissait mon café

    Je m’attendais à un miracle…

    « Si tu continues de rêver,

    S’impatientait, soudain ma mère,

    Le brouillard pourrait t’avaler

    Bien mieux encore que la terre. »

    Et docile, j’obéissais.

    Ma mère disait toujours vrai.

     

    Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »

     

    36ParcNaturel

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  • La lampe

     

    Tu faisais briller tes couteaux,

    J’écrivais, patient, mon devoir.

    Nous avions plaisir à nous voir

    Travailler sans nous dire un mot.

     

    Le soir, quand je levais les yeux,

    C’est dans le cercle que la lampe

    Dessinait sur la nappe bleue

    Que mes yeux rencontraient tes yeux.

     

    Maintenant que n’es plus là

    Et que je regarde la lampe,

    C’est elle qui me parle bas.

     

    Et c’est, ma mère, le silence

    Qui lui répond, avec la voix

    Que tu avais, alors, pour moi

     

           Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »

     

    DSCN0153

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  • Au cœur du silence

     

    La plaine était immense

    Et immense, les bois,

    J’y passais mes vacances

    Comme sur un trois-mâts.

    Dans la hune des branches,

    J’abordais quelque fois

    Au cœur bleu du silence.

    Et je demeurais là

    Au milieu des mésanges

    Qui retenaient leur voix

    Sans comprendre pourquoi

    J’étais si malhabile

    A lire l’évangile

    D’un humble bout de bois.

     

       Maurice Carême extrait de  « Souvenirs »

     

    sur la route de Tautavel 1

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