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Par renal le 4 Août 2012 à 17:29
La bise
« Ce sont des feuilles mortes »
Disaient les feuilles mortes
Voyant des papillons
S’envoler d’un buisson.
« Ce sont des papillons »,
Disaient les papillons
Voyant des feuilles mortes
Errer de porte en porte.
Mais la bise riait
Qui déjà les chassait
Ensemble vers la mer.
Maurice Carême
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Par renal le 1 Août 2012 à 09:35
Le livre de prix
Ma grand-mère m'avait donné
Un livre avec des coquillages,
Un livre de prix tout doré
Dont je tournais sans fin les pages.
On ne voyait sur les images
Rien que du ciel et de la mer
Et, tel un pont fait de lumière,
L'horizon voûté de nuages.
Des méduses se décoiffaient
À fleur d'eau, et des hippocampes
Semblaient écrire sous ma lampe
De beaux devoirs à l'imparfait.
C'était le temps des grands voyages :
J'étais Colomb et Magellan.
Ma grand-mère avait un visage
Doux comme une île Sous-le-Vent.
Maurice carême
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Par renal le 26 Juillet 2012 à 09:24
Liberté
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve ;
Partez à l'instant,
La jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes
II est des chemins Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
À ceux qui n'ont rien.
Maurice Carême, (1899-1978)
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Par renal le 16 Juillet 2012 à 13:07
Il y a
Il y a un enfant
Dans le jardin fleuri.
Ne serait-ce ma vie qui joue ?
Il y a un enfant
Dans le jardin fleuri
Ne serait-ce ma vie qui se met à jouer ?
Il y a un oiseau
Dans le grand cerisier.
Ne serait-ce ma vie qui chante ?
Il y a un oiseau
Dans le grand cerisier.
Ne serait-ce ma vie qui se met à chanter ?
Il y a un maçon
Montant sur son échelle.
Ne serait-ce ma vie qui monte ?
Il y a un maçon
Montant sur son échelle.
Ne serait-ce ma vie qui se met à monter ?
Il y a un avion
Qui passe sur le ciel
Ne serait-ce ma vie qui vole ?
Il y a un avion
Qui passe dans le ciel
Et c’est toute ma vie qui se met à voler.
Maurice Carême
Bougainvilliers Martinique
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Par renal le 8 Juillet 2012 à 08:32
Il fait doux
II fait intime et doux.
Personne sur la plage.
Le ciel semble a genoux
Au bord du paysage.
La mer est là, immense.
Mais ici, près de nous,
On la prendrait vraiment
Pour une enfant qui joue.
Des goélands repassent,
Lents, si lents qu'ils ressemblent
À de blancs cerfs-volants.
La dune ouvre son livre
Tout doré que les heures
Se plaisent à relire.
La nuit tarde à venir.
Maurice Carême
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Par renal le 6 Juillet 2012 à 08:06
Le soleil meurt dans tes cheveux
Le soleil meurt dans tes cheveux.
Le soir allume ses abeilles.
Je n’ose plus toucher tes yeux.
Dors, mon amour, ma merveille,
La lune court ; moi je veille.
Maurice Carême
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Par renal le 29 Juin 2012 à 07:37
Mon sourire
Mon sourire est une souris,
Une gentille souris rose
Elle apparaît parfois sans cause,
Me laissant moi-même surpris.
La voyez-vous qui se tapit
Au coin de mes lèvres mi-closes ?
Mon sourire est une souris,
Une gentille souris rose
Mais je vous vois sourire aussi
Comme un rosier ouvre ses rosés.
Seriez-vous tout aussi surpris
Que moi de cette étrange chose :
Un sourire qui soit souris ?
Maurice Carême
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Par renal le 23 Juin 2012 à 09:59
La rose et le marin
Une rose aimait un marin.
- Il est ainsi d'étranges choses –
Le marin n'aimait pas la rose ;
II n'aimait que le romarin.
Il partit sur le Marie-Rose,
Traversa l'océan Indien.
Et rien d'étrange à cette chose :
Un marin va toujours très loin.
Mais en débarquant à Formose,
II vit, l'attendant dans un coin,
Une femme habillée de rose
Tenant en main du romarin.
Que faire en cet état de chose
Surtout lorsque l'on est marin
Et qu'on devine mal la cause
De cette ruse du destin ?
On parle de métempsycose,
Mais personne n'est sûr de rien.
Nul n'a revu la femme en rose
Et nul n'a revu le marin
Maurice Carême
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Par renal le 19 Juin 2012 à 09:18
On ne doit pas s’étonner
Que les cerises viennent
Sur les cerisiers ;
les bananes, sur les bananiers,
C'est là une merveille
Dont on ne doit pas s'étonner.
Car enfin que ferions-nous d'un monde
Où les moulins donneraient des chiens ;
Les prés, des escarpins ;
Les coffres-forts, des songes ;
Les lampes, des noisettes ;
Les jeux de cartes, des fauvettes
Et les reines, des jeux d'ombre ?
Heureusement, mes pommiers, au soleil,
Ne donnent que des pommes
Et les femmes - bénies soient-elles !
Que ce que nous sommes : des hommes.
Maurice Carême
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Par renal le 15 Juin 2012 à 13:23
La cuisine
La cuisine est si calme
En ce matin d'avril
Qu'un reste de grésil
Rend plus dominical.
Le printemps, accoudé
Aux vitres, rit de voir
Son reflet dans l'armoire
Soigneusement cirée.
Les chaises se sont tues.
La table se rendort
Sous le poids des laitues
Encor lourdes d'aurore
Et à peine entend-on,
Horloge familière,
L'humble cœur de ma mère
Qui bat dans la maison.
Maurice Carême
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Par renal le 4 Juin 2012 à 08:38
Les pommes de pin
Je m'en allais avec ma mère
Ramasser des pommes de pin.
Le soleil tissait dans le thym
D'immenses tapis de lumière.
Mon cœur était château en liesse.
Le ciel volait sur le chemin.
Mes mains devenaient plus parfaites
Que la rosée dans le matin.
Il y avait tant de myrtilles
Au milieu des pommes de pin
Que mon sac demeurait en vrille
Longtemps à l'orée du chemin.
À midi, nous mordions ensemble
Dans le même quignon de pain.
La source mettait, sous un tremble,
Le ciel à portée de nos mains.
Et lorsque, dans la nuit tombante,
Nous revenions, silencieux,
Parfois une étoile filante
Venait se prendre à nos cheveux.
Maurice Carême
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Par renal le 1 Juin 2012 à 07:35
Homonymes
Il y a le ver du cerfeuil
Et il y a le ver de terre.
Il y a l’endroit à l’envers,
L’amoureux qui écrit en vers,
Le verre d’eau plein de lumière,
La fine pantoufle de vair
Et il y a moi, tête en l’air,
Qui dit toujours tout de travers.
Maurice Carême
(Flanboyant, Martinique)
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Par renal le 25 Mai 2012 à 13:32
Le beau mot
"Je reviens de l'école,
Crie le petit garçon
Aux hirondelles folles
Qui l'accueillent en rond.
Regardez, je sais lire.
Voici le mot lumière,
Là, tout près de l'image
De la rose trémière."
Et vrai les hirondelles
Descendues du village
Voient le beau mot briller
Sur le clair de la page.
Maurice Carême
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Par renal le 24 Mai 2012 à 08:20
Jour d’été
Le soleil rit dans le ciel,
Le soleil rit sur la mer,
Partout ivre et torrentiel,
Partout nu comme une chair.
Et les barques sur la mer,
Les nuages sur le ciel,
Dans les mains de la lumière,
Ont fondu comme du sel.
Sans fin, des clartés défont
Puis refont les horizons,
Et les vagues sont si belles
Qu'on ne s'étonnerait pas
De voir refleurir sur elles
De longues haies de lilas.
Maurice Carême
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