• Poèmes de Victor Hugo

    4 pages de poèmes de Victor Hugo


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  • Oh ! les charmants oiseaux joyeux

     

    Oh ! les charmants oiseaux joyeux !

    Comme ils maraudent ! comme ils pillent !

    Où va ce tas de petits gueux

    Que tous les souffles éparpillent ?

     

    Ils s'en vont au clair firmament ;

    Leur voix raille, leur bec lutine ;

    Ils font rire éternellement

    La grande nature enfantine.

     

    Ils vont aux bois, ils vont aux champs,

    À nos toits remplis de mensonges,

    Avec des cris, avec des chants,

    Passant, fuyant, pareils aux songes.

     

    Comme ils sont près du Dieu vivant

    Et de l'aurore fraîche et douce,

    Ces gais bohémiens du vent

    N'amassent rien qu'un peu de mousse.

     

    Toute la terre est sous leurs yeux ;

    Dieu met, pour ces purs êtres frêles,

    Un triomphe mystérieux

    Dans la légèreté des ailes.

     

    Atteignent-ils les astres ? Non.

    Mais ils montent jusqu'aux nuages.

    Vers le rêveur, leur compagnon,

    Ils vont, familiers et sauvages.

     

    La grâce est tout leur mouvement,

    La volupté toute leur vie ;

    Pendant qu'ils volent vaguement

    La feuillée immense est ravie.

     

    L'oiseau va moins haut que Psyché.

    C'est l'ivresse dans la nuée.

    Vénus semble l'avoir lâché

    De sa ceinture dénouée.

     

    Il habite le demi-jour ;

    Le plaisir est sa loi secrète.

    C'est du temple que sort l'amour,

    C'est du nid que vient l'amourette.

     

    L'oiseau s'enfuit dans l'infini

    Et s'y perd comme un son de lyre.

    Avec sa queue il dit nenni

    Comme Jeanne avec son sourire.

     

    Que lui faut-il ? un réséda,

    Un myrte, un ombre, une cachette.

    Esprit, tu voudrais Velléda ;

    Oiseau, tu chercherais Fanchette.

     

    Colibri, comme Ithuriel,

    Appartient à la zone bleue.

    L'ange est de la cité du ciel ;

    Les oiseaux sont de la banlieue.

     

    Victor Hugo.

     

    Photo Renal


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  • L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours

     

    L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,

    Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours ;

    La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,

    La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,

    La mousse, et, dans les noeuds des branches, les doux toits

    Qu'en se superposant font les feuilles des bois.

    Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la ville,

    Le coin désert, l'abri solitaire et tranquille,

    Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants,

    La rue où les volets sont fermés ; dans les champs,

    Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète ;

    Dans les bois, la clairière inconnue et muette

    Où le silence éteint les bruits lointains et sourds.

    L'oiseau cache son nid, nous cachons nos amours.

     

    Victor Hugo

    Extrait du livre « 30 poèmes pour célébrer le monde » 

     

    L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours

    Lianes  Martinique aout 2017


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  • Printemps

     

    Tout était d’accord dans les plaines

    Tout était d’accord dans les bois

    Avec la douceur des haleines,

    Avec le mystère des voix

     

    Tout aimait ; tout faisait la paire.

    L'arbre à la fleur disait : Nini ;

    Le mouton disait: Notre Père,

    Que votre sainfoin soit béni !

    Les abeilles dans l'anémone

    Mendiaient, essaim diligent ;

    Le printemps leur faisait l’aumône

    Dans une corbeille d'argent.

     

    Victor Hugo Les Chansons des rues et des bois)

    Printemps

    Parc de la Légion d'honneur Mars 2017


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  • En hiver la terre pleure

     

    En hiver la terre pleure ;

    Le soleil froid, pâle et doux,

    Vient tard, et part de bonne heure,

    Ennuyé du rendez-vous.

     

    Leurs idylles sont moroses.

    - Soleil ! Aimons ! - Essayons.

    O terre, où donc sont tes roses ?

    - Astre, où donc sont tes rayons ?

     

    Il prend un prétexte, grêle,

    Vent, nuage noir ou blanc,

    Et dit : - C'est la nuit, ma belle ! -

    Et la fait en s'en allant ;

     

    Comme un amant qui retire

    Chaque jour son coeur du noeud,

    Et, ne sachant plus que dire,

    S'en va le plus tôt qu'il peut.

     

    Victor Hugo

    VERCORS AVRIL 2016


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  • La fée

    Viens, bel enfant ! je suis la Fée.

    Je règne aux bords où le soleil

    Au sein de l’onde réchauffée

    Se plonge, éclatant et vermeil.

    Les peuples d’Occident m’adorent.

    Les vapeurs de leur ciel se dorent,

    Lorsque je passe en les touchant;

    Reine des ombres léthargiques,

    Je bâtis mes palais magiques

    Dans les nuages du couchant.

    Mon aile bleue est diaphane ;

    L’essaim des Sylphes enchantés.

    Croit voir sur mon dos, quand je plane,

    Frémir deux rayons argentés.

    Ma main luit, rose et transparente ;

    Mon souffle est la brise odorante

    Qui, le soir, erre dans les champs ;

    Ma chevelure est radieuse,

    Et ma bouche mélodieuse

    Mêle un sourire à tous ses chants !

    J’ai des grottes de coquillages ;

    J’ai des tentes de rameaux verts ;

    C’est moi que bercent les feuillages,

    Moi que berce le flot des mers.

    Si tu me suis, ombre ingénue,

    Je puis t’apprendre où va la nue,

    Te montrer d’où viennent les eaux ;

    Viens, sois ma compagne nouvelle,

    Si tu veux que je te révèle

    Ce que dit la voix des oiseaux

     

    Victor Hugo (Ballades 1826) 

    La fée

    https://pixabay.com


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  • La lune

     

    Jeanne songeait, sur l’herbe assise,

    grave et rose ;

    Je m’approchai : - Dis-moi si tu veux

    quelque chose,

    Jeanne ? - car j’obéis à ces charmants amours,

    Je les guette, et je cherche à comprendre toujours

    Tout ce qui peut passer par ces divines têtes.

    Jeanne m’a répondu : - Je voudrais voir des bêtes.

    Alors je lui montrai dans l’herbe une fourmi.

    Vois ! Mais Jeanne ne fut contente qu’à demi.

    Non, les bêtes, c’est gros, me dit-elle.

    Leur rêve,

    C’est le grand. L’Océan les attire à sa grève,

    Les berçant de son chant rauque,

    et les captivant '.Par l’ombre, et par la fuite effrayante

    du vent.

    Ils aiment l’épouvante, il leur faut le prodige.

    Je n’ai pas d’éléphant sous la main, répondis-je.

    Veux-tu quelque autre chose ? O Jeanne, on te le doit !

    Parle. - Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt.

    Ça, dit-elle. - C’était l’heure où le soir commence.

    Je vis à l’horizon surgir la lune immense.

     

    Victor Hugo (L’art d’être grand père)

     

    La lune vue des Pyrénées Orientales Saillagouse aout 2016

    photo Benoît

     


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